Le Manoir au bord du Lac

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Docteur Who
chat Le Manoir au bord du Lac
par Docteur Who en octobre 2018

Docteur Who
1 023ème
1 195 points
En novembre 2018
Au vu du nombre de chapitre qu'il reste à poster, je prévois de poster le 7 ce soir
le 8 demain matin
le 9 demain soir
et l'épilogue, soit en même temps que le 9 mais ça m'ennuie un peu parce qu'il est quand même assez long mais je ne saurais pas si j'aurais le temps de poster avant le week-end prochain ^^'
Donc à voir.
Astral(e)
629ème
1 568 points
En novembre 2018
Astral(e) niveau/8 experience 680 facteur
Sinon, poste le 9 dans l'aprèm et l'épilogue le soir si ça peut te permettre de séparer les deux parties ?
anonymous
560ème
1 692 points
En novembre 2018
anonymous niveau/9 experience 695 facteur
Je suis d'accord avec l'hypothèse du coma, les personnes au téléphone seraient en fait ceux qui lui rendent visite ? Bref, j'attends la suite avec impatience
Docteur Who
1 023ème
1 195 points
En novembre 2018
design/quote.png
Astral(e) Sinon, poste le 9 dans l'aprèm et l'épilogue le soir si ça peut te permettre de séparer les deux parties ?

Bien vu! 😋
Je ferais surement ça ^^'
Après c'est surtout pour ne pas trop vous surcharger de lecture d'un coup.
Docteur Who
1 023ème
1 195 points
En novembre 2018
Chapitre 7 : Une tasse de thé

Me soutenant sur deux balais, je me rends jusqu’à la porte d’entrée. Elle est là, elle m’attend. C’est une jeune fille. Elle me ressemble j’ai l’impression. Mais tout est différent en elle… Ses cheveux sont blonds, ses yeux sont bleus…. Elle est mon opposé. Elle me ressemble comme deux gouttes d’eau. Elle ne dit pas un mot et je ne dis rien non plus.

Me trainant comme une handicapée, je me dirige vers la cuisine et elle me suit. La bouilloire siffle sur la gazinière, mais aucune de nous ne brise le silence.

Quand l’eau est prête, je commence à me lever lorsqu’elle me fait signe de rester assise. Elle se lève, et va servir l’eau chaude. A côté de ma tasse, elle pose une petite fiole remplie d’un liquide transparent.

« C’est de l’eau du lac, dit-elle, Bois-la.

Je verse le contenu de la fiole dans ma gorge. Le goût est immonde. Un frisson me parcours et je retrousse le nez. C’est alors que je me rends compte que toutes mes douleurs ont disparu. Je regarde mes mains, mes jambes, mes bras, mon corps…Tout va mieux.

-Merci, dis-je

-Il n’y a pas de quoi, répond-t-elle

Cette fille dégage une aura incroyable. Lorsqu’elle vous regarde, vous avez juste envie de satisfaire tous ses désirs et quand elle ouvre la bouche… ses paroles sont comme du miel que vous pourriez boire toute la journée sans discontinuité. Je reprends mes esprits et demande :

-Qui êtes-vous ?

-Qui veux-tu que je sois ?

Je hausse les épaules.

-Où suis-je ?

-Où crois-tu que tu es ?

Je tape du bout des doigts sur la table, déjà agacée.

-Comment puis-je quitter cet endroit ?

-Il te suffit de sortir par la porte.

Elle porte la tasse à ses lèvres en un geste gracieux.

-J’ai déjà essayé, je me suis retrouvée au manoir. Dehors… ça ne mène nulle part.

-Alors c’est que tu ne voulais pas vraiment partir, déclare-t-elle d’un ton serein

-Evidement que je veux partir ! Qui voudrait rester ici ?

Elle hausse un sourcil et repose sa tasse.

-Alors tu n’as toujours pas compris ?

-Compris quoi ?, dis-je

-Ce qu’est cet endroit… Ce qui t’es arrivé…

-Bien sûr que non ! Comment pourrais-je le savoir ?!

Elle pose ses deux mains blanches et parfaites à plat sur la table.

-Tu as eu un accident. Une voiture t’a renversé.

Je ne comprends toujours pas. Un accident mais alors… comment…

-Alors je suis morte ?

-Non, tu n’es pas morte…

-Alors où suis-je ?

-Je ne sais pas comment te répondre de manière à ce que tu comprennes…

-Dîtes-le ! Dîtes-le simplement ! Je ne suis pas stupide !

Elle a un petit sourire gêné. Absolument craquant.

-Tu es en toi.

-En moi ?

-Oui… Tout ceci…

Elle désigne le manoir d’un grand geste de la main avant de finir sa phrase :

-C’est toi.

-Moi ?, fais-je perplexe.

Tout ceci ne serait que mon esprit… Que mes pensées ? Je serais dans une sorte… de coma. Tout ceci ne serait qu’un grand rêve.

-Quand la voiture t’a heurté et que tu as été emmenée à l’hôpital, les médecins t’ont réanimée, m’explique-t-elle, tes fonctions vitales ont été remises en route… Mais toi… Ton esprit… Tu ne voulais pas revenir. Alors… Voilà où tu décides de rester en attendant. Mais tu ne pourras plus y rester longtemps…

-Pourquoi ne pourrais-je plus y rester longtemps et puis… Pourquoi n’ais-je pas voulu revenir ?

Elle hésite un moment avant de dire :

-Ta vie… n’est pas simple. Tu es malheureuse.

-Parce que je suis faible…, dis-je en marmonnant

-Non !, s’exclame-t-elle, Tu n’es pas faible ! Tu l’as prouvé… Tu veux juste… Soulever le monde toute seule… Tu n’acceptes aucune aide parce que tu veux t’en sortir seule, parce que tu as honte… Et tu te refermes sur toi-même pour rien… En regardant bien, il y a pleins de personnes qui étaient là… Mais tu ne les voyais pas… Parce que tu n’y croyais plus. Tu n’es pas faible… Au contraire… Tu as été aussi forte que possible… Mais tu n’as pas accepté l’aide. Voilà tout…

Je regarde mon thé. Possible, oui, que ma vie soit malheureuse. Possible, oui, que j’ai été aveugle. Mais je ne me souviens plus de tout ça. Je n’arrive pas à m’en rappeler. Et maintenant… je veux vivre. Je veux changer ! Mais me réveiller dans une vie de misère… Je soupire.

-De toute façon, continue-t-elle, Tu vas devoir faire un choix. Tu ne peux plus rester ici…

-Pourquoi ?

-Les ombres vont revenir, et cette fois, elles ne te laisseront pas avec de simples blessures…

-De simples blessures ! Tu appelles la torture qu’elles m’ont fait subir de simples blessures !

Je sens les larmes me monter aux yeux. Elle ne me regarde pas et passe ses mains autour de sa tasse.

-Tu sais ce que je veux dire, réplique-t-elle.

Oui… Je le sais. Elle fouille dans sa poche et en sort une clé.

-Ce soir, ouvre la porte, quitte la maison et rentre chez toi… Ou laisse les ombres te prendre. C’est ton choix et seulement ton choix. Moi je n’y peux rien, personne n’y peut rien.

Elle fait glisser la clé jusqu’à moi et je la prends entre mes doigts, la regardant un moment.

-Pourquoi est-ce que je ne me souviens de rien ? Pourquoi… tout ce que vous me racontez je ne m’en souviens pas ?

-Le choc surement, a dû causer des dégâts… Tu seras peut-être amnésique à vie… Si tu vis…
-Très encourageant, merci !

On se regarde un moment avant d’exploser de rire. C’est la première fois que des rires retentissent dans ce manoir.

▬▬▬

La théorie du coma était la bonne, après je ne sais pas si le "pourquoi" c'est-elle retrouvée dans le coma était ce à quoi vous pensiez 🙂

Les chapitres 8 et 9 vont venir. Bon je vous avoue qu'en fait... C'est qu'un seul chapitre que j'ai scindé en deux... Pour plus de suspens, pour laisser le temps faire... :p

Enfin bref! J'espère déjà que CE chapitre vous aura plu ^^'
anonymous
560ème
1 692 points
En novembre 2018
anonymous niveau/9 experience 695 facteur
Qui est la fille aux cheveux blonds ? Une sorte de conscience ? J'ai hâte d'en apprendre plus, suite !
Astral(e)
629ème
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En novembre 2018
Astral(e) niveau/8 experience 680 facteur
suite !
Docteur Who
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En novembre 2018
Chapitre 8 : Une longue soirée

Elle est restée le temps de trois tasses de thé, puis quand le soleil s’est couché, elle est partie. Elle m’a raconté ma vie d’avant. Harcèlement, solitude… rien de bien beau. Je passe machinalement un doigt sur les cicatrices à mon poignet. Je commence à mieux comprendre. Mais aujourd’hui je veux être forte et rien ne m’empêchera de rentrer chez moi. J’ai repris mon couteau et mon balai. Elle m’a expliqué que je ne pouvais pas franchir la porte avant minuit, l’heure où arrivent les ombres. Alors j’attends.

Une boule se forme au creux de mon ventre et un frisson me parcours. Je ne sais plus qui je suis, et tout ce que l’on dit de moi est misérable… Alors pourquoi est-ce que je tiens tant à récupérer cette vie… Je hausse les épaules. Peu importe… Je dois me concentrer sur mon objectif : minuit, la porte, les ombres.

Onze heures et demie sonne à la pendule du hall. Le silence de la maison m’envoute. Mes paupières sont lourdes et je me sens fatiguée… C’est vrai après tout… Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas rester là… Je suis si fatiguée… Tout mon corps se détend d’un coup et une vague de chaleur me submerge… Pourquoi pas rester là et dormir un peu… Juste… quelques minutes… Mes mains relâchent mes armes, les grincements de la maison m’enveloppent… Je suis bien là.

Je me réveille lorsque je sens la claque d’un vent violent et froid sur mon visage. J’ouvre les yeux précipitamment. Qu’est-ce qu’il se passe ?!

Je suis au sommet du manoir, sur le toit… accrochée au bord de la gouttière… Les ombres sont en bas, elles m’attendent… Elles attendent que je tombe ! Elles crient, glapissent, rient… Elles attendent que je leur tombe dans les bras.

La corde qui me retient à la gouttière ne me semble pas très solide. Je n’ose pas bouger. Encore dans mon sommeil, je ne comprends pas bien ce qu’il m’arrive. Je regarde alors l’heure à mon poignet : minuit et quart. Comment est-ce possible ?! Je me souviens alors ! Ma fatigue, le sommeil… Je soupire. Les ombres en dessous de moi se délectent de ma situation. Mon cœur bat vite, la boule reprend sa place dans mon ventre, tous mes sens sont en alerte.

Je vais mourir.

Il faut que je fasse quelque chose ! Il faut que je me sorte de là ! J’agrippe la corde avec mes deux mains et tente de me hisser. Impossible… Dès que j’esquisse le moindre mouvement, la corde se met à grincer dangereusement. J’ai peur… Je suis totalement morte de peur. Mais je ne m’en rends pas compte. Je suis passée en mode instinct de survie. J’ai du mal à réfléchir. Mon cœur bat à cent à l’heure et ma respiration… Je suis à bout de souffle ! Je ferme les yeux. Réfléchis… Ré-flé-chis… Impossible de s’aider de la corde pour remonter. Les balustrades sont trop loin pour tenter un saut sur ma droite ou ma gauche. Une petite voix en moi me dit que je ferais mieux de me rouler en boule et d’attendre que ça se termine. J’ai envie de l’écouter, j’ai envie de faire ce qu’elle me dit. Mais la corde qui me retient est trop fragile, elle finira par craquer… Je ne peux pas l’ignorer, je ne peux pas faire comme si, en attendant, les ombres me laisseront tranquilles et lorsque le soleil se lèvera je serais toujours en vie. Non. Je dois être réaliste. Ça ne s’arrêtera que si moi je fais en sorte que ça s’arrête.

Je fais doucement balancer mes jambes pour tenter de me rapprocher de la balustrade à ma droite. Ça me semble être la meilleure solution. La corde grince dangereusement, mais je me rapproche. Les ombres semblent s’impatienter en bas. Elles m’attendent…

Un fil cède. Je retiens mon souffle et tend mes bras en avant. Je dois y arriver. Je dois le faire. Un autre fil cède et tout mon équilibre est menacé. Je suis encore loin, mais c’est le moment ou jamais. Je serre les poings, plie mes jambes puis fais brusquement basculer tout mon poids en avant. La corde craque.

Je sens alors le temps se ralentir, jusqu’à presque se figer. Irréel. J’entends ma propre voix crier d’effroi, je vois mes mains se tendre devant moi pour tenter d’attraper la balustrade… Mes doigts la frôlent, tentent de s’y accrocher… Un échec. C’est alors que mes pieds heurtent le rebord de la fenêtre du premier étage.

Tous les sens en alerte, j’agrippe frénétiquement le lierre qui encadre la fenêtre. Je me débats, je m’accroche ! Je ne lâcherai pas ! Sous moi, j’entends les ombres crier de colère. Je sens alors le métal froid de la clé contre mon cou. Elle m’en a fait un pendentif.

La porte. Vite ! Protégeant mon visage à l’aide de mes bras, je brise le verre de la fenêtre, traverse la chambre et me précipite dans le couloir. J’entends les ombres crier. Elles savent ce que je vais tenter et elles comptent bien m’en empêcher. Je cours, plus vite que je n’ai jamais couru, mes jambes me portent par je ne sais quelle magie. Je cours.

J’atteins l’escalier alors que les ombres commencent à s’insinuer entre les lattes du parquet du hall. Je continue de courir, retirant la clé de mon cou. Je la tiens fort dans ma main. Je me précipite. Déjà elles se dressent face à moi. Les ombres. Ces êtres gluants, immondes… Pleins de noirceur. Leurs yeux invisibles me scrutent, elles veulent me dévorer. Mes démons.
Mais je ne m’arrête pas de courir. Je ne m’arrêterai pas de courir. Je serre la clé si fort dans ma main que j’en ai mal. Mais ce n’est pas grave. C’est une bonne douleur. Ça veut dire que je suis en vie. Elles sont là, face à moi. Elles tendent leur bras de ténèbres vers moi. Elles m’enveloppent d’obscurité et le froid m’envahit à nouveau. Mais j’avance, je continue d’avancer.

La porte… Il faut que j’atteigne la porte.

Je me débats et j’avance, un pas après l’autre. L’une m’attrape la cheville, je sens alors leur morsure froide s’infiltrer en moi, glissant comme une gelée sirupeuse, passant dans chacun des pores de ma peau, prenant la place de mon sang dans mes veines. Ils s’infiltrent. Je comprends alors… Ils veulent faire de moi l’une des leur.

Horrifiée, je soulève ma cheville dans le plus grand des efforts et je continue d’avancer. La porte n’est plus qu’à une dizaine de pas.


▬▬▬
Est-ce qu'elle va y arriver... ou pas?
La suite cet après-midi 👍

Je pense que je posterai entre 14h et 15h le chapitre 9 et l'épilogue entre 17h et 18h.

Je me suis impressionnée moi-même sur cette fiction... J'ai réussi à tenir mes délais ^^' Ô miracle! 😆
Astral(e)
629ème
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Astral(e) niveau/8 experience 680 facteur
Suite !
anonymous
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anonymous niveau/9 experience 695 facteur
Suite !
Docteur Who
1 023ème
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En novembre 2018
Chapitre 9: Dis pas

Ils attrapent mon poignet gauche. La boue d’immondices remonte le long de mon bras mais je ne m’arrête pas. Je connais cette douleur. Je ne me laisserai pas abattre, pas maintenant.

Neuf.

Elles prennent mon autre jambe et commencent à me susurrer des mots d’horreur aux oreilles. Le manoir craque et se déforme autour de nous.

Huit.

Elles tentent de garder mes pieds collés au sol. Ça ne marche pas. J’avance… Je continue d’avancer.

Sept.

L’une d’elles m’attrape par la taille, glissant ses pattes brulante comme un fouet des enfers sous mes vêtements. Elle me brule de froid.

Six.

J’approche, je ne perds pas espoir. Déjà, mes jambes sont totalement enveloppées, la douleur est horrible. J'ignore comment j’arrive encore à les bouger.

Cinq.

Elle entre en moi, dans mon ventre, elle a ouvert une faille, m’a déchiré. Je pose un genou à terre, mais je continue d’avancer. Je pleure, je pleure tellement.

Quatre.

Elle remonte entre mes seins jusqu’à mon cou, elle m’attrape, elle m’étrangle. Je suffoque.

Trois.

J’y suis presque, je ne vais pas abandonner… Elles me tiennent, je ne sais pas si je vais réussir à avancer encore…

Deux.

Je tends le bras. J’y suis presque. Leurs griffes mes lacèrent les joues. Je sens mon sang s’écouler lentement.

Un.

Je tombe à terre et lève le bras devant moi. Les ténèbres m’enveloppent totalement. Je fais glisser la clé entre mes doigts alors qu’elles me tordent la cheville. Craquement funeste. J’hurle de douleur. J’approche la clé de la serrure. Quelques centimètres à peine.

J’y suis.

Je l’enfonce. Je ne vois plus rien. Elles m’ont prises. Je donne un tour de clé et pousse la porte. Elle s’ouvre. La douleur est trop forte. Je me sens tomber… Je tente de m’agripper à quelque chose mais il n’y que leurs ténèbres et rien pour me retenir. Rien… Je m’effondre.

Le parquet râpeux me réconforte. J’entends alors la porte grincer. Les ombres vont la refermer. Je ne veux pas… Pas après tout ça… Les larmes qui coulent sur mes joues brulent ma peau déchiquetée. J’ai cet horrible goût de bile et sel au fond de la gorge. Tout ça pour rien.
J’entends les respirations lentes du manoir au travers des lattes du parquet. Je m’accroche à ça… Ce souffle calme… Qui ralentit… Tout doucement… Ma douleur est éternelle.

« Tu es faible, me chuchote une voix.

Je vois alors deux petits yeux me fixer à travers les lattes du parquet tandis que le bas de mon dos craque. Une douleur horrible me parcours… Je ne sens plus mes jambes.

-J’ai fait de mon mieux, dis-je dans un murmure

Je me mets à vomir de la boue noire. La porte se referme légèrement.

-Tu as dit que tu étais forte et déterminée… Mais regarde-toi… Tu es faible… »

Les yeux se ferment et disparaissent dans les entrailles du manoir. J’avais dit que je serais forte. Peut-être était-ce temps de le prouver ? Je ferme les yeux, serrant les dents, tentant d’ignorer ma douleur. J’insère mes ongles entre deux lattes du parquet de bois et tire mon corps meurtris vers l’avant.

Dehors, la brise fraiche vient me caresser le visage. J’étends à nouveau mes bras dans un râle, cale mes ongles entre deux lattes du parquet et tire. Mes ongles se cassent, mes doigts sont en sang. Encore… Je me tire, je me traine. Les ombres me frappent et me griffes. Je n’ai plus de jambes… Elles me les ont coupées. Je ne l’ai même pas sentit. Les larmes continuent de couler sur mon visage. J’étends à nouveau mes bras. Je m’agrippe à la plinthe de la porte et je tire.

Ma tête passe l’embrasure de la porte, puis mes épaules… Alors j’entends derrière moi les ombres crier de colère et d’effroi. Elles me percent les tympans de leurs voix aigus et cinglantes. Je pousse sur mes bras, je me laisse traverser la porte et je roule sur les marches du perron. La douleur m’envahit. J’ai si mal ! Tellement mal ! Mais cette douleur me semble bien plus réelle que toutes celles que j’ai connue jusqu’alors. J’ai mal. Mes paupières se ferment. Je dégouline de boue et de noirceur. Et je finis par plonger dans les ténèbres…

Le clip-clap léger des gouttes d’eau retentissent. C’est le seule son dans cette immense obscurité. Les gouttes qui tombent, une à une.

▬▬▬
Là. C'est fini.
J'ai formaté ce chapitre en petit clin d'oeil à 12 heures.
Écrire cette fiction fut quand même compliqué ^^'
Si vous avez des questions, des réactions ou quoique ce soit n'hésitez pas.
J'espère que ça vous aura plu, je poste un épilogue et commentaire de fin dans quelques heures, en espérant que vous soyez là pour réagir 👍

A bientôt les petits Buveurs d'Encre
DW
anonymous
560ème
1 692 points
En novembre 2018
anonymous niveau/9 experience 695 facteur
J'ai hâte de lire l'épilogue, et pour le moment je me demande si elle sortira de son coma, si elle se souviendra de tout ça et si elle sera "marquée" physiquement... En tout cas j'ai adoré ta fiction, comme les précédentes 👍 J'espère pouvoir lire une autre de tes fictions bientôt !
Astral(e)
629ème
1 568 points
En novembre 2018
Astral(e) niveau/8 experience 680 facteur
Suite ! Par contre ton chapitre s'appelle '' Dis pas''. Tu voulais pas plutôt écrire "Dix pas''
Docteur Who
1 023ème
1 195 points
En novembre 2018
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Astral(e) Suite ! Par contre ton chapitre s'appelle '' Dis pas''. Tu voulais pas plutôt écrire "Dix pas''

Et ouais ^^'
La faute de frappe 😆
Sorry
Docteur Who
1 023ème
1 195 points
En novembre 2018
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anonymous J'ai hâte de lire l'épilogue, et pour le moment je me demande si elle sortira de son coma, si elle se souviendra de tout ça et si elle sera "marquée" physiquement... En tout cas j'ai adoré ta fiction, comme les précédentes 👍 J'espère pouvoir lire une autre de tes fictions bientôt !

Vous verrez bien 👍
Peut-être qu'il n'y a aucune réponse à tes questions 😋
Qui sait... 😉
Docteur Who
1 023ème
1 195 points
En novembre 2018
Epilogue:

Debout sur la dune, je regarde le soleil se lever. Ce monde parait irréel. Je mets une main en visière pour regarder l’horizon et plonge l’autre dans ma poche. J’en sors le papier sur lequel j’ai griffonné mon discours. Je m’assois face à l’immense étendue d’eau et commence à le lire.

« Tu disais ça pour rigoler. Tu ne cherchais pas à la blesser. Elle a même rit elle aussi… Et vos camarades ont rit aussi. Alors tu as continué. Vous avez continué. Mais à la longue… répétitions… Ca la blessait. Mais elle ne le montrait pas. Ca vous faisait rire, alors elle ne voulait pas se plaindre, elle riait avec vous.

Alors, pensant qu’elle ne ressentait rien, sans te poser de questions, tu as commencé à être plus dur avec elle. Et tes camarades qui continuaient de rigoler. Elle, elle ne disait rien, mais elle ne souriait plus. Tu ne la voyais pas pleurer chez elle la nuit. Personne ne la voyait pleurer.
Mais quand un jour tu as vu ses larmes, tu lui as dit d’arrêter de faire la gamine, que c’était juste pour rigoler. Mais tu étais le seul à rire.

Alors tu lui as mis un coup dans le dos pour qu’elle se reprenne. C’était la première fois que tu la frappais. C’était pas méchant. Tout au contraire. Mais ce n’était qu’un début.

Oui, début d’une routine quotidienne, quasi systématique. Ce petit coup quand tu la vois, et les autres qui t’imite. Es-tu donc aveugle pour ne pas voir les bleus qui marquent désormais son corps ou tu voiles-tu juste la face derrière ton rire cynique à présent ?

Et quand elle a voulu se plaindre, tu t’es senti menacé. Tu as soudain réalisé le mal que tu lui faisais. Alors, au lieu de présenter des excuses et de baisser les yeux, tu as préféré la frapper pour qu’elle se taise. Tu as préféré qu’elle te craigne. Tes camarades ne t’approuvaient plus, mais ils ne l’ont pas aidé non plus. Eux, ça les faisait rire les petits mots, les petites insultes, les cahiers dans la poubelle… oh ! Juste une blague !

Mais ça fait déjà plus de deux ans que ça dure. Deux ans que tu as peur d’être découvert, alors tu empire ton cas pour qu’elle ait peur de toi et qu’elle ne parle pas. Deux ans qu’elle subit tes horreurs, et qu’elle ne dit rien parce qu’elle a peur.

Voilà comment tu t’es retrouvé piégé dans le rôle de l’harceleur.

Voilà comment tu l’as poussé à se tuer. C’est de ta faute. C’est de TA faute… Pas elle, pas eux, TOI. Elle n’était pas faible. Elle n’était pas idiote. Toi, tu étais faible et idiot. Elle, elle a eu le courage de se libérer.

Tu aurais dû arrêter. Tu aurais sécher ses larmes. Tu aurais dû la laisser. Une blague est drôle… seulement à courte durée.

Vis avec ça si tu le peux, mais je te préviens. Si tu ne peux pas dormir le soir, si tu te réveilles les larmes aux yeux, tu repenseras à cette fois où tu aurais mieux fait de tendre une main, ou tu aurais mieux fais d’ouvrir ton cœur. Tu t’es piégé toi-même, tu as gâché ta vie et en prime… la sienne aussi ».

J’essuie une larme qui roule le long de ma joue. Le grondement sourd de l’océan me calme. Je reçois alors un sms. Le repas est prêt. Je souris. Demain ce sera le grand jour. Demain, je recommencerai à me battre. Je plie la feuille et la remet dans ma poche. Les mouettes rient et crient, tournoyant entres elles au-dessus de cette immensité scintillante. Je me lève et fais demi-tour. Sourire aux lèvres, je me dirige vers le repas qu’elle m’a préparé avec impatience.

Alors, dans le soleil couchant, projetant sa grande ombre sur le sable chaud, je la vois. Ma demeure. Mon chez moi. Le plus beau des manoirs.

▬▬▬
J’ai fait cette fiction pour dénoncer, vous l’aurez compris, le harcèlement sous toutes ses formes. Non pas parce que j’y ai été personnellement exposé, mais parce que suite à mon histoire personnelle, c’est un sujet qui me tient très à cœur. Je voulais en parler, parce que je me suis rendue compte que ce n’est pas si simple d’aller vers quelqu’un et de dire : « je me fais harceler ». Déjà, parce qu’on ne se rend pas compte soi-même que l’on se fait harceler. Pour la victime on se fait « embêter », « Ils m’embêtent », « Ils m’ont tapé », « Ils ont mis ma veste dans la poubelle mais c’était pour rigoler »…

Et puis je voulais aussi sensibiliser l’entourage de ces personnes. Vous, ça vous saoule de toujours entendre les mêmes histoires, les mêmes problèmes, alors vous lui dîtes « mais arrêtes de les fréquenter, va jouer ailleurs à la récré ». Mais seule, elle ne s’en sortira jamais. Quand quelqu’un vous raconte ça… La première chose à faire c’est de la rassurer et la seconde de la protéger. Si elle ne se sent pas soutenue, jamais elle ne pourra s’en sortir. Le harcèlement est quelque chose de très complexe et le plus souvent, quand on est victime, on se sent seul. Seul face au silence, seul face à ses démons. Alors voilà, je voulais que vous sachiez que vous ne devez jamais rester seuls, parce que seuls vous ne vous en sortirez pas. Plus vous en parlerez, plus il y aura des gens pour vous aider. C’est peut-être stupide et racoleur… Mais je vous en supplie… Que ce soit sur les réseaux sociaux, à vos parents, votre meilleur(e) ami(e), votre grand-tante, la boulangère… Peu importe ! Mais parlez-en ! Sinon, on ne pourra pas vous aider.

Et un dernier mot aux gens qui « rigolent » et « font des blagues » : je ne suis pas là pour vous condamner et vous mettre la corde au cou, parce que vous ne vous en rendez probablement même pas compte, mais je vous en supplie, quand vous donnez un surnom à quelqu’un, quand vous lui faîtes une mauvaise blague, mais surtout quand ça tombe TOUJOURS sur cette personne, posez-vous la question : à sa place, est-ce que je rigolerai vraiment ?

Et ne dîtes pas « oui » pour soulager votre conscience. Posez-vous réellement la question… Parce que ce que vous faîtes aujourd’hui, détermine votre vie de demain.

Si vous voulez raconter, témoigner ou juste réagir à propos de ça, n’hésitez pas à le faire, la fin de cette fiction est là pour ça.
Astral(e)
629ème
1 568 points
En novembre 2018
Astral(e) niveau/8 experience 680 facteur
Je crois que j'aurais des milliards de choses à dire, là maintenant, mais ça sort pas bien, mes mots sont moches, alors juste, je vais te dire merci.
Docteur Who
1 023ème
1 195 points
En novembre 2018
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Astral(e) Je crois que j'aurais des milliards de choses à dire, là maintenant, mais ça sort pas bien, mes mots sont moches, alors juste, je vais te dire merci.

Alors je te dis juste de rien 👍
Et... parle quand tes mots seront prêts, y pas de soucis 🙂
Floody
390ème
1 629 points
En novembre 2018
compte supprimé niveau/9 experience 645 facteur
J'ai adoré ton histoire. Pour preuve, elle m'a fait réfléchir à nouveau et m'a fait prendre une véritable décision quant à un futur écrit auquel je réfléchissais depuis des années déjà. Ton histoire m'a inspirée, que ce soit pour les détails ou l'ambiance, l'histoire ou les personnages. C'est... Passionnant, tout simplement.

J'ai vraiment beaucoup de mal avec les histoires qui parlent du harcèlement, peu importe sous quelle forme. C'est souvent un argument, pour qu'une histoire d'amour ou une amitié commence, pour rajouter du drame à la chose. Je trouve ça... Tellement grossier. Bien sûr je ne blâme personne, chacun fait ce qu'il veut dans les limites du respectable, mais je donne tout de même mon point de vue.
Ton histoire à toi a comme effleuré le sujet en y plongeant pourtant en plein dedans. C'est déroutant 😂 ! Mais j'ai beaucoup apprécié, du premier doute à la confirmation. Le discours à la fin est juste magnifique, quoique... Eh bien quoique rien, je voulais trouver un truc qui puisse déranger, mais je ne trouve rien.

Si je vous racontais la blague du petit pois dans l'ascenseur tous les jours, vous seriez vite lassés. Je le vois comme ça, ton point de vue, et il est très beau :D
J'espère revoir un de tes écrits, parce que n'empêche, ton style est trop beau 😆
Docteur Who
1 023ème
1 195 points
En novembre 2018
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Floody J'ai adoré ton histoire. Pour preuve, elle m'a fait réfléchir à nouveau et m'a fait prendre une véritable décision quant à un futur écrit auquel je réfléchissais depuis des années déjà. Ton histoire m'a inspirée, que ce soit pour les détails ou l'ambiance, l'histoire ou les personnages. C'est... Passionnant, tout simplement.

J'ai vraiment beaucoup de mal avec les histoires qui parlent du harcèlement, peu importe sous quelle forme. C'est souvent un argument, pour qu'une histoire d'amour ou une amitié commence, pour rajouter du drame à la chose. Je trouve ça... Tellement grossier. Bien sûr je ne blâme personne, chacun fait ce qu'il veut dans les limites du respectable, mais je donne tout de même mon point de vue.
Ton histoire à toi a comme effleuré le sujet en y plongeant pourtant en plein dedans. C'est déroutant 😂 ! Mais j'ai beaucoup apprécié, du premier doute à la confirmation. Le discours à la fin est juste magnifique, quoique... Eh bien quoique rien, je voulais trouver un truc qui puisse déranger, mais je ne trouve rien.

Si je vous racontais la blague du petit pois dans l'ascenseur tous les jours, vous seriez vite lassés. Je le vois comme ça, ton point de vue, et il est très beau :D
J'espère revoir un de tes écrits, parce que n'empêche, ton style est trop beau 😆

Merci beaucoup, tout ce que tu me dis me touche beaucoup 🙂

C'est vrai que comme je l'ai dit, écrire cette fiction a été très dur parce que je voulais parler du harcèlement, mais je voulais pas que ce soit moralisateur ou barbant...
Je voulais juste que ce soit omniprésent mais qu'on ne le dise jamais. ^^'
Parce que clairement, le discours du "c'est pas bien de faire ça! C'est méchant!" On l'entend tous les jours sur les médias au travers des associations, à l'école ou autre... Alors voilà, je voulais faire un truc un peu différent 🙂 Par moment c'était vraiment dur et j'ai du me reprendre à plusieurs fois avant de trouver le bon mot pour ne pas juger ou être insultante, car comme je l'ai dis une part de mon histoire fait que je suis sensible au harcèlement ^^'
Et je pense que dans un sens, l'écrire m'a aussi permis de mieux comprendre certaines choses sur moi-même et sur le harcèlement...
Honnêtement, je viens à peine de la finir, mais je pense déjà à une réécriture, parce que plus j'y pense, plus je me trouve fausse sur certaines choses... ou du moins imprécise, incorrecte. Mais je ne pense pas le faire avant plusieurs années. Faut toujours se laisser du temps, laisser reposer et prendre le temps de grandir pour voir les choses sous un autre angle 🙂

Quant à ma prochaine fiction... Peut-être bien aux prochaines vacances, qui sait 😋
Floody
390ème
1 629 points
En novembre 2018
compte supprimé niveau/9 experience 645 facteur
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Docteur Who Merci beaucoup, tout ce que tu me dis me touche beaucoup 🙂

C'est vrai que comme je l'ai dit, écrire cette fiction a été très dur parce que je voulais parler du harcèlement, mais je voulais pas que ce soit moralisateur ou barbant...
Je voulais juste que ce soit omniprésent mais qu'on ne le dise jamais. ^^'
Parce que clairement, le discours du "c'est pas bien de faire ça! C'est méchant!" On l'entend tous les jours sur les médias au travers des associations, à l'école ou autre... Alors voilà, je voulais faire un truc un peu différent 🙂 Par moment c'était vraiment dur et j'ai du me reprendre à plusieurs fois avant de trouver le bon mot pour ne pas juger ou être insultante, car comme je l'ai dis une part de mon histoire fait que je suis sensible au harcèlement ^^'
Et je pense que dans un sens, l'écrire m'a aussi permis de mieux comprendre certaines choses sur moi-même et sur le harcèlement...
Honnêtement, je viens à peine de la finir, mais je pense déjà à une réécriture, parce que plus j'y pense, plus je me trouve fausse sur certaines choses... ou du moins imprécise, incorrecte. Mais je ne pense pas le faire avant plusieurs années. Faut toujours se laisser du temps, laisser reposer et prendre le temps de grandir pour voir les choses sous un autre angle 🙂

Quant à ma prochaine fiction... Peut-être bien aux prochaines vacances, qui sait 😋

Tu as bien réussi, je trouve ! :))
Avec toi, je vais me mettre à attendre les vacances avec impatience... 😆
Aujourd'hui, à 09:58
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