L’Envie par Awani - Texte 10 Awards 2020

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Galaxio
chat L’Envie par Awani - Texte 10 Awards 2020
par Galaxio en août 2020

Galaxio
50ème
6 121 points
En août 2020
Galaxio niveau/13 experience 1755 facteur
Bonsoir, aujourd'hui je vous laisse découvrir l'oeuvre la plus longue de cette compétition par Awani.
Bonne lecture !

<h2>L’ENVIE</h2>
<p align="justify">Comme tous les mardis matins depuis plus d’années qu’on ne pourrait en compter, Mr Tortue se rendait chez son amie Irma pour faire quelques achats.

« Bonjour Léon, lui dit une voix alors qu’il pénétrait dans la tente poussiéreuse. Je suis ravie de te revoir.
- Bonjour Irma, comment vas-tu depuis la semaine dernière ? Ton problème de radis a été réglé ? »

Une femme, qu’on ne pourrait qualifier ni de vieille ni de jeune, sortit de derrière un long rideau de satin rouge profond. Elle était habillée de manière très extravagante et colorée. Elle portait une longue robe à la fois sombre et colorée. Sur ses épaules reposait un long foulard d’un magnifique vert sapin. Il s’accordait à ses yeux qui, malgré la pénombre, brillaient d’un magnifique éclat émeraude. Des milliers de bracelets métalliques entouraient ses poignets et, s’entrechoquant, remplissaient la boutique de sons clairs et mélodieux. Ses cheveux étaient noués en un chignon déstructuré retenu seulement par une vieille baguette de bois peint. Elle était pour le moins originale. Jamais, dans le grand pays de Lapino, on avait eu affaire ou même simplement aperçut une telle personne.

« Oh oui, enfin ! J’ai retrouvé le petit malin qui avait tout saccagé. Je lui ai fait replanter tout mon jardin fissa. Il n’était pas très doué, mais il a fini par réussir. J’ai à nouveau plein de radis, tu en veux ?
- Je vais t’en prendre une grosse botte alors » , répondit Mr Tortue.

Irma disparut de nouveau. Mr Tortue, que ses amis appelaient Léon, regarda un peu autour de lui. Cette mystérieuse boutique semblait chaque semaine totalement différente, et pourtant l’atmosphère qui y régnait était toujours la même, assez pesante et oppressante mais aussi très douce et accueillante. Léon ne savait jamais sur quelle merveille il allait tomber. Il parcourait la boutique, passait sous les étoles, contournait les services à thé et enjambait les tapis. Au fond de la boutique, un splendide porte-plume avait attiré son regard. Il avança, tant bien que mal, vers cet objet désiré. Alors qu’il n’était plus très loin du beau porte-plume, Léon trébucha. Il avait pourtant fait attention, mais un coffre était sorti de nulle part et lui avait barré la route. Un peu vexé d’être tombé de la sorte, mais aussi très curieux de découvrir le contenu de ce coffre, la vieille tortue s’agenouilla devant celui qui lui avait fait un croche-patte. Le coffre n’avait ni loquet, ni verrou. Léon souleva le couvercle avec précaution. A peine avait-il eu séparé le couvercle du reste du coffre qu’une puissante lumière verte l’éblouit. Pris de peur, il laissa brusquement tomber le couvercle de bois dans un bruit sec et fit un bond en arrière.

« Mais qu’est-ce que c’est que ça ? marmonna Léon dans sa barbe. Depuis quand les vieux coffres font de la lumière ? Je devrais peut-être prévenir Irma. »

Il appela son amie, encore et encore, en vain. Elle n’était plus dans la boutique, elle devait être dans son jardin et ne l’entendait pas. Au lieu d’attendre que la mystérieuse femme revienne, comme le ferait toute personne dotée de bon sens, Léon s’approcha à nouveau du coffre, et cette fois-ci, il l’ouvrit complètement. A l’intérieur se trouvait une magnifique pierre verte qui brillait de mille éclat.

Cette pierre, si l’on en croit les connaissances gemmologiques de l’auteure, n’était autre qu’une splendide émeraude. Mr Tortue, bien qu’il n'eut jamais, au cours de sa longue vie, croisé le chemin d’une telle pierre précieuse, estima que c’était la plus belle émeraude, et même la plus belle pierre, que ses yeux avaient eu la chance de voir. Les nombreux rubis, saphirs, diamants et topazes qu’il possédait en sa demeure paraissaient bien pâles à côté de cette divine couleur verte. Aussi, Léon ne put s’empêcher de se saisir de la pierre précieuse, et lorsqu’il la toucha, sa lumière s’éteignit brusquement. Sa couleur n’avait pourtant pas perdu de sa splendeur mais l’étrange lueur verte qu’elle dégageait jusqu’à présent avait disparu à l’instant où la peau de la tortue avait frôlé l’émeraude.

« C’est étrange, pensa Léon, mais cette pierre serait tellement belle dans ma collection… Je la veux. Je dois absolument la ramener à la maison. »

Alors, oubliant ses radis et autres achats, Mr Tortue enfouit la belle pierre dans sa poche et sortit de la boutique, satisfait de sa trouvaille. Il était comme hypnotisé par cette magnifique émeraude. Il n’avait pas pu s’empêcher de la prendre, pourtant il savait que c’était mal, cette pierre ne lui appartenait pas il n’avait aucun droit de la voler de la sorte. Toutefois, il l’avait fait.

Arrivé chez lui, Léon se précipita dans sa chambre et ouvrit sa grande boite en fer. Dedans, il entreposait ses plus belles trouvailles. On pouvait y trouver, des rubis, des saphirs, des bracelets et des colliers précieux, et même quelques objets mystiques qui portaient les noms étranges de « pigmentalo », « Fleur d’Aurore » ou même « Larmes de soleil ». Sa collection était si grande qu’on disait qu’il possédait un exemplaire de chaque chose qui existait dans le pays de Lapino. Chaque fois qu’il ajoutait un nouvel objet dans sa boîte, il écrivait, pour ne pas les oublier, son nom et ses caractéristiques dans un vieux cahier délabré. Mais cette fois-ci, il décida de garder sa trouvaille totalement secrète. Après tout, il avait volé cette pierre, la décrire dans son cahier constituerait une preuve de sa culpabilité. Personne ne devait savoir. D’ailleurs, ranger l’émeraude avec le reste de sa collection n’était peut-être pas une bonne idée. Léon pensa que le caillou vert serait bien plus en sécurité, au chaud, dans sa poche. Ainsi, personne ne risquerait de le trouver et de dénoncer la pauvre tortue pour le crime qu’il venait de commettre.

La journée passa, et Léon n’avait pas retiré l’étrange émeraude de sa poche un seul instant, pourtant il ne pouvait pas s’empêcher d’y penser. Elle l’obnubilait, il ne pouvait pas la sortir de son esprit. De temps en temps, il la frôlait du bout du doigt et son envie de la posséder grandissait encore et encore. Plus il passait de temps en compagnie de la pierre précieuse, plus il la voulait. C’était étrange puisqu’il était conscient d’en être le propriétaire, certes d’une manière on ne peut plus illégale mais il en restait néanmoins l’actuel propriétaire, et pourtant il la voulait encore, son envie était insatiable. Il voulait, voulait, voulait et voulait encore. Mais que voulait-il ? Il n’était plus sûr de rien. Il voulait la pierre, mais il l’avait déjà, alors que voulait-il vraiment ? Cette question tourna longtemps dans son esprit, sans réponse, jusqu’à ce qu’elle soit balayée d’un geste par l’envie. L’envie était plus grande. Peu importe ce qu’il voulait, simplement il voulait. Et c’était la seule chose importante à ses yeux.

Le lendemain matin, quelqu’un toqua, de bonne heure, à la porte de Mr Tortue. Encore un peu endormi, ce dernier se dirigea vers l’entrée et regarda à travers le judas. Irma, la voyante, se tenait devant sa porte, effarée. Comme à son habitude, la pierre précieuse que Léon avait volé à son amie se trouvait dans sa poche. La veille au soir, il l’avait déplacée de son pantalon de la journée à son pantalon de pyjama. Il n’avait donc rien à craindre. Si Irma le soupçonnait, elle ne trouverait pas la pierre puisque jamais elle ne se permettrait de fouiller une vieille tortue. Bien que rassuré, il restait un peu anxieux à l’idée de cette confrontation avec son amie. Il toucha la pierre pour se donner du courage puis ouvrit enfin la porte.

« Bonjour Léon, je suis désolée de te déranger si tôt le matin mais j’ai perdu un objet très précieux. Est-ce que tu pourrais m’aider à le retrouver ? lui demanda Irma, totalement affolée.
- Bien sûr Irma, je vais t’aider. C’est fait pour ça les amis ! Qu’as-tu donc perdu de si important que tu aies besoin de l’aide d’une vieille tortue comme moi ? répondit innocemment Léon.
- Il s’agit d’une pierre précieuse, une émeraude pour être tout à fait exacte, mais c’est une pierre magique. Elle ne doit absolument pas tomber en d’autres mains que les miennes. Si le Cercle l’apprend, je vais sûrement être exécutée ou pire radiée !
- Une pierre magique ? Dis-moi en plus, cela pourrait nous aider à la retrouver. »

La voyante lui expliqua tout. Elle faisait partie d’une communauté très importante appelée « le Cercle » et composée de sept voyantes. Chaque membre possédait une pierre et avait la charge de la protéger et d’empêcher quiconque de s’en emparer. Les voyantes du Cercle étaient directement liées à leur pierre. Lorsqu’on lui avait confié la sienne, les yeux d’Irma, auparavant noirs, avaient pris la couleur éclatante de l’émeraude. Ces pierres précieuses se distinguaient par leurs couleurs flamboyantes, on ne pouvait pas les confondre avec des pierres précieuses classiques, et il ne le fallait absolument pas d’ailleurs. Et pour cause, elles étaient magiques ! Elles provenaient toutes les sept d'un même rocher appelé « Le Rocher du Péché ». Elles avaient été séparées les unes des autres afin de limiter leur puissance. Chaque morceau du rocher représentait l'un des sept péchés capitaux. Réunies et entre de mauvaises mains, on disait que les sept pierres précieuses pouvait invoquer le Malin lui-même. Ainsi, l'émeraude d'Irma était la pierre de l'Envie, tandis que le diamant de son amie Edwige était lié à la Colère. Le contact avec l'un de ces cailloux magiques par une personne extérieure au Cercle avait de terribles conséquences. Il provoquait, chez cette personne, l'apparition de sentiments la poussant au péché. Le diamant de la Colère, par exemple, éveillait une haine folle et redoutable qui ne reposait sur absolument aucun fondement. L’émeraude, quant à elle, provoquait chez l’usurpateur une envie irrépressible de posséder toute chose en ce monde. C’était une envie intarissable et indomptable. Posséder l'une de ces pierres pouvait s’avérer extrêmement dangereux, autant pour son propriétaire que pour son entourage. Irma devait donc absolument retrouver son émeraude. Elle lui révéla également que ces pierres magiques dégageaient une lueur colorée lorsque leur pouvoir n’étaient pas actif, mais dès lors qu’elles s’activaient l’étrange lumière qu’elles produisaient s’éteignait. Malheureusement, Irma n’était pas capable de déterminer à distance si la pierre brillait toujours ou non. Elle ne savait donc pas si elle l’avait simplement perdue ou si quelqu’un s’en était emparé. Mais, quoi qu’il en soit, elle ne devait pas tarder à la récupérer puisqu’elle avait rendez-vous avec le Cercle seulement quelques jours plus tard. S’ils se rendaient compte qu'elle n’avait pas rempli son rôle de membre correctement, elle aurait de très gros problèmes.

Mr Tortue avait bien compris que la pierre dont parlait son amie n’était autre que celle qu’il avait trouvé dans le vieux coffre. Il comprenait maintenant pourquoi il se sentait si étrange depuis qu’il l’avait récupérée, il comprenait pourquoi il avait envie de quelque chose, sans savoir nécessairement de quoi, et ce en permanence. Il comprenait et pourtant il n’était pas décidé à rendre la pierre. Il devait la gardait. Il la désirait intensément. Elle était si belle, si attractive, si parfaite. Elle était ce qu’il avait toujours voulu. Alors, il promit à Irma de l’aider dans sa recherche, sachant pertinemment qu’il allait tout faire pour qu’elle ne retrouve pas l’émeraude magique. Il était hors de question qu’il se sépare de la nouvelle pièce maîtresse de sa collection. Il devrait cependant être prudent afin de ne pas être démasqué.

« Très bien Irma, je vais t'aider, annonça t-il. Je vais demander à mes amis les lapins de chercher une pierre verte qui brille mais de ne surtout pas la toucher. Vu le nombre de lapins présents dans le pays, on va vite retrouver ta pierre, ne t'en fais pas !
- Merci beaucoup Léon, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi. De mon côté, je vais retourner à la boutique, voir si je trouve des indices.
- Veux-tu que je t'y accompagne ? demanda la tortue, inquiète que la voyante ne découvre le coffre.
- C'est très gentil mais je vais me débrouiller toute seule, va plutôt t'habiller avant de rassembler les lapins, répondit Irma en jetant un regard amusé sur le pantalon de pyjama de Mr Tortue. Ton bas, quoique très joli, ne fait pas très sérieux, les lapins se moqueraient probablement de toi. »

Sur ces mots, elle tourna les talons et s'éloigna de la maison de son ami.

Léon suivit les conseils de la mystérieuse femme et retourna dans sa chambre pour se changer. Il était très embêté. Si Irma voyait le coffre, qu'il avait laissé au beau milieu de la boutique sans même s'en préoccuper, Léon risquait d'être retenu comme suspect. Malheureusement, il ne pouvait rien y faire. Il n'y avait plus qu'à croiser les doigts pour que le coffre eût disparu de la même manière qu'il était apparu la veille.

La tortue décida de ne pas garder la pierre sur lui ce jour-là, c'était bien trop risqué. Elle pouvait à tout instant se glisser hors de sa poche et tout le monde découvrirait qu'il est celui qui a volé la pierre précieuse d'Irma. Il ne pouvait pas se le permettre. Et puis, son amie n'avait pas l'air de le soupçonner, il pouvait donc laisser l'émeraude chez lui sans risquer d'être démasqué, Irma ne viendrait pas fouiller. Il décida de la cacher au milieu de ses chaussettes, jamais personne n'aurait l'idée de regarder à cet endroit là. Il finit de se préparer et réunit tous les lapins du quartier dans un grande place proche de la boutique de la voyante.

« Mes chers amis, l’heure est grave, déclara la vieille tortue d’une voix solennelle alors qu’il faisait face à une assemblée de lapins curieux. Notre chère Irma a perdu un objet très précieux. Nous devons absolument l’aider à le retrouver ! Il s’agit d’une pierre précieuse verte, une émeraude. Si vous la trouvez, prévenez-moi, mais ne la touchez surtout pas, cela aurait de terribles conséquences… »

Les lapins s’excitaient un peu. Ils étaient effrayés et attristés par la nouvelle mais aussi tellement curieux et ravis d’avoir le droit de fouiller un peu partout. Leurs regards brillaient de malice et d’impatience, ils voulaient tous être le premier à retrouver l’objet perdu par la mystérieuse Irma. Alban, le décorateur, qui passait par là regarda la foule d’un air suspicieux. Que se passait-il ? Il attendit que Mr Tortue ait fini de parler et que les lapins se soient dispersés pour interpeller la tortue.

« Salut Léon, qu’est-ce que c’est que tout ce remue-ménage ?
- Irma a perdu une pierre magique, elle m’a demandé de l’aide pour la retrouver, alors j’ai demandé aux lapins de chercher un peu partout. Elle l’a peut-être égarée dehors.
- Oh je vois, et de ton côté, où vas-tu chercher ? demanda le décorateur.
- Je pense que je vais aller voir dans le petit parc là-bas. Elle s’y promène parfois. Veux-tu m’accompagner ? »

Alban accepta avec joie. Il n’avait pas grand chose à faire de sa matinée, et la perspective d’une chasse au trésor l’amusait beaucoup. Alors, ils se mirent en route pour le parc. Alban et Léon n’avaient jamais été très proches. Il faut dire qu’Alban était nouveau au pays et que sa grande différence d’âge avec la tortue ne facilitait pas leur rapprochement. Néanmoins, les deux s’appréciaient et étaient heureux de passer ce moment ensemble.

Mr Tortue remarqua un scintillement sur l’oreille de son ami. Attiré par ce bel éclat, il ne pût s’empêcher de fixer son camarade. Alban, qui le remarqua rapidement, fut fortement dérangé par cet étrange regard. Lui qui n’avait pas la langue dans sa poche n’hésita pas une seconde à faire une remarque à Léon, mais celui-ci ne réagissait pas. Il était comme hypnotisé par la boucle d’oreille que le décorateur portait. Son envie s’était réveillée, et sa cible n’était autre que le bijou d’Alban. Léon ne comprenait pas pourquoi il désirait tant cette boucle d’oreille, alors qu’il n’avait même pas d’oreilles pour la porter, mais il la voulait, et rien ni personne ne l’empêcherait de la posséder. Il leva le bras et attrapa l’anneau doré. Alban n’avait pas eu le temps de reculer. Il ne comprenait rien à ce qu’il se passait. Mr Tortue n’était, certes, pas la personne la plus sensée qu’il connaisse mais, aujourd’hui, il était vraiment particulièrement étrange. Cette attitude ne ressemblait en aucun point à son comportement habituel. Léon tirait sur la boucle d’oreille et Alban, essayant de ne pas se faire arracher sa boucle, tenait le bras de la tortue pour qu’il ne tire pas trop fort.

« Léon ! Qu’est-ce que tu fais, cria Alban. Arrête-toi, tu vois bien que tu vas me blesser ! Réveille-toi, ce n’est pas toi !
- Je veux ce bijou, je dois l’avoir. Je le veux, répondit Léon d’une voix froide et monotone.
- Si tu le veux tant que ça, je vais te le donner. Laisse moi le temps de le détacher de mon oreille, tu risques de me blesser en tirant comme ça. Calme-toi et je te promets que tu pourras l’avoir. »

La vieille tortue sembla se calmer, elle ne tirait plus sur l’oreille du malheureux décorateur mais n’avait toujours pas enlevé sa main de l’objet de sa convoitise. Alban comprit rapidement qu’il serait impossible de retirer la poigne féroce de Léon de la boucle. Alors, il entreprit de retirer le bijou malgré cet obstacle de taille. Il finit par réussir et offrit son anneau doré à Mr Tortue qui le remercia, stoïque, et continua sa route comme si rien de tout ça ne s’était passé. Il ne remarqua même pas qu’Alban avait pris une autre direction et se rendait à la boutique d’Irma.

Le jeune décorateur entra brusquement dans l’étrange tente. Il trouva Irma, écroulée au sol, un coffre dans les mains.

« Irma, ça n’a pas l’air d’être le bon moment pour te déranger, mais …
- Je sais, le coupa t-elle, Léon a un comportement étrange. C’est de ma faute. »

Alban ne comprenait pas. Comment avait-elle su ? Et en quoi serait-ce de sa faute ? Elle lui demanda de lui expliquer en détail ce qu’il venait de se produire. Le décorateur, tout en montrant son oreille encore rouge de l’affrontement qui avait eu lieu, raconta minutieusement ce qu’avait fait Léon. La voyante se contenta de hocher la tête tristement, puis lui demanda de la suivre. Alban voyait bien que la mystérieuse femme tremblait de tout son être, mais il ne jugea pas judicieux de lui faire remarquer. Il se contenta de demander avec inquiétude où ils allaient. Irma répondit qu’ils se dirigeaient vers la demeure de Léon car celui-ci avait quelque chose qu’elle devait absolument récupérer. Et ce furent les derniers mots qu'elle prononça jusqu’à ce qu’ils se trouvent sur le pas de la porte de la maison de Mr Tortue. Enfin, elle se tourna vers Alban et lui expliqua la situation. Elle lui demanda de l’aider à chercher l’émeraude mais de ne surtout pas y toucher, c’était primordial, sinon il allait lui aussi subir le maléfice du péché de l’envie et allait vouloir garder la pierre pour lui comme l’avait fait leur ami. Tout prenait sens dans l’esprit d’Alban, il comprenait maintenant le comportement étrange que la tortue avait eu toute la matinée. Il était sous l’emprise d’un puissant maléfice dont il ne pouvait se défaire, seule Irma pouvait l’en libérer. Il ne fallait pas tarder à trouver la pierre, Léon risquait de causer de nouveaux dégâts. Alban espérait que son ami eût gardé précieusement la boucle d’oreille qu’il lui avait confiée, il voulait la récupérer au plus vite.

Alors, sans plus tarder, les deux compères entrèrent dans la maison. La porte avait été verrouillée mais Irma lança un sort, très efficace il faut l'avouer, et le verrou se débloqua en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. La demeure de Mr Tortue n’était pas très grande, elle était composée de seulement deux pièces principales et d’une salle de bain. Irma se dirigea vers le salon tandis que Alban allait dans la chambre. Il n’y avait pas grand chose dans cette chambre, juste un lit, une armoire et une belle commode en bois vernis. C’est la commode qui attira son attention en premier lieu. Il tira le premier tiroir et trouva une grande boite de fer, ainsi qu’un vieux carnet. Il devait sûrement s’agir de la collection de Léon et de son grimoire moisi. Il ouvrit le cahier et feuilleta les dernières pages, mais rien n’avait été écrit sur la fameuse pierre magique. Alban ouvrit donc la boîte de fer. Les merveilles qu’il trouva à l’intérieur l’émerveillèrent, il y avait de tout, et même des choses dont il n’aurait pas soupçonné l’existence tant elles étaient étranges. Des tonnes d’objets communs, rare et même magiques étaient entretenus ici, mais toujours aucune trace de l’émeraude. Il fouilla les autres tiroirs et ne trouva rien. Il regarda sous la commode, toujours rien. Alors il décida de fouiller le lit. Cela le gênait un peu mais il devait défaire les draps afin de s’assurer que la pierre n’était pas cachée dans un recoin du matelas, il se promit de tout remettre à l’identique une fois que l’émeraude aurait été trouvée. Il n’y avait rien dans le lit, ni dessous. Il ne restait plus que l’armoire. La gêne d’Alban atteignait des sommets. Ils devaient fouiller dans les habits de Mr Tortue, il avait l’impression de violer son intimité, mais il se rappela de ce qu’avait dit Irma, il fallait absolument retrouver la pierre. Il regarda partout, déplia les t-shirts, les pantalons, les pulls, fouilla dans les poches, explora tout les recoins de l’armoire, et il ne trouva rien. Quand soudain, il aperçut un tiroir qu’il n’avait pas encore examiné. Il l’ouvrit, dedans se trouvaient les sous-vêtements de Mr Tortue, ses chaussettes et ses caleçons. Il commença par explorer la partie des chaussettes, et quelle ne fût pas sa surprise lorsqu’il trouva, coincée entre deux chaussettes bien pliées, une émeraude d’un vert resplendissant. Il n’y avait aucun doute à avoir, il s’agissait de la pierre de l’envie, l’émeraude perdue d’Irma. Ravi de sa trouvaille, il appela la voyante de toutes ses forces.

Alertée par les cris d’Alban, Irma se précipita dans la chambre. Quand elle s’aperçut qu’ils avaient enfin retrouvé la précieuse émeraude, elle sauta de joie et se dépêcha de s’en saisir. Instantanément, la pierre retrouva son étrange lueur verte d’origine. Le maléfice qui pesait sur Léon avait été levé. Elle avait réussi à récupérer la gemme avant que les autres membres du Cercle n’arrive. Elle était tellement soulagée qu’elle fondit en larmes et pris Alban dans ses bras. Tout allait bien. Ils avaient réussi !

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chenipoteun
214ème
3 018 points
En août 2020
Bravo aux valeureux.euses qui ont eu le courage de lire jusqu'au bout 👍
Minou
682ème
1 492 points
En août 2020
Minou niveau/10 experience 885 facteur
Bravo c’est un super texte. ^^
PetitSable
161ème
3 575 points
En août 2020
PetitSable niveau/12 experience 1575 facteur
C'était vraiment génial de lire ton texte ! Simplement, j'ai remarqué une légère incohérence (ou j'ai juste mal compris, je sais pas), Irma avait-elle déjà compris que c'était Mr. Tortue quand elle est allée le voir chez lui ? Étant donné qu'il avait demandé à Irma de lui vendre une botte de radis et qu'il est parti ensuite immédiatement sans les prendre, puis qu'Irma remarque que sa pierre disparaît, n'aurait-elle pas directement dû penser à Mr. Tortue et le lui prendre quand elle était devant chez lui ? (ouf, cette phrase aurait été longue xD) Ou du moins, essayer de la chercher quand il partait de chez lui ?
L'idée de ton texte est vraiment bonne, les Sept Péchés et le Cercle, vraiment super 👍
Carlisle
190ème
3 211 points
En août 2020
Carlisle niveau/12 experience 1300 facteur
Insane, lourd.
chenipoteun
214ème
3 018 points
En août 2020
design/quote.png
PetitSable C'était vraiment génial de lire ton texte ! Simplement, j'ai remarqué une légère incohérence (ou j'ai juste mal compris, je sais pas), Irma avait-elle déjà compris que c'était Mr. Tortue quand elle est allée le voir chez lui ? Étant donné qu'il avait demandé à Irma de lui vendre une botte de radis et qu'il est parti ensuite immédiatement sans les prendre, puis qu'Irma remarque que sa pierre disparaît, n'aurait-elle pas directement dû penser à Mr. Tortue et le lui prendre quand elle était devant chez lui ? (ouf, cette phrase aurait été longue xD) Ou du moins, essayer de la chercher quand il partait de chez lui ?
L'idée de ton texte est vraiment bonne, les Sept Péchés et le Cercle, vraiment super 👍

Irma s'en doutait, c'est pour ça qu'elle est allée le voir, mais le comportement de Mr Tortue semblait normal à ce moment là donc elle n'a pas voulu accuser son ami sans preuves. C'est d'ailleurs pour ça que lorsque le décorateur vient la voir, elle sait déjà ce qu'il va lui dire car elle se doutait tjrs de quelque chose et découvrir le coffre vide dans sa boutique lui a confirmé qu'elle n'avait pas perdu la pierre mais que quelqu'un, Mr Tortue, l'avait bel et bien prise. 🙂
PetitSable
161ème
3 575 points
En août 2020
PetitSable niveau/12 experience 1575 facteur
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chenipoteun Irma s'en doutait, c'est pour ça qu'elle est allée le voir, mais le comportement de Mr Tortue semblait normal à ce moment là donc elle n'a pas voulu accuser son ami sans preuves. C'est d'ailleurs pour ça que lorsque le décorateur vient la voir, elle sait déjà ce qu'il va lui dire car elle se doutait tjrs de quelque chose et découvrir le coffre vide dans sa boutique lui a confirmé qu'elle n'avait pas perdu la pierre mais que quelqu'un, Mr Tortue, l'avait bel et bien prise. 🙂

Ooh, je vois! Bien trouvé^^
Aujourd'hui, à 19:19
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