Textes en pagaille

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chenipoteun
chat Textes en pagaille
par chenipoteun en février 2020

chenipoteun
214ème
3 018 points
En février 2020
Saluut !

Alors en fait, j'écris pas mal. Mais jamais rien d'assez long pour en faire une histoire complète, toujours des petits textes écrits sur le moment. Et j'avais envie de les partager en les postant ici (et au passage ne pas les perdre du coup).

Du coup, je vais poster ici des trucs que j'ai écrit il y a longtemps ou il y a moins longtemps ou même pas encore écrits. Je vous invite donc à donner votre avis sur les textes en question et même à poster vous-même vos petites pensées en pagaille !

C'est un espace ouvert bienveillant et totalement libre, que vous soyez débutants ou maître de la plume vous pouvez sortir ici tout ce qui vous passe par la tête. Partagez vos joies, vos tristesses, vos questionnements, vos incompréhensions, vos amours. Les critiques (positives comme négatives) sont bien évidemment autorisées et même encouragées tant qu'elles sont construites et réfléchies.

Si vous n'avez pas envie de poster, c'est pas grave, moi je vous partagerai mes textes. 🙂
Minou
682ème
1 492 points
En février 2020
Minou niveau/10 experience 885 facteur
J'aime bien ce concept
chenipoteun
214ème
3 018 points
En février 2020
Je sors de chez moi, un petit sac sur le dos. Où je vais ? Je ne sais pas. Je veux juste m'évader, partir loin de mon quotidien, loin de mon confort. Je veux vivre de nouvelles expériences, rencontrer des gens. Tout oublier. Marcher longtemps le long de la route. Seule. Les phares des voitures m'éclairent de temps à autre. Il fait sombre. Pourtant mon esprit n'a jamais été aussi clair. Je sais ce que je veux sans pourtant avoir une idée précise de ce que je serai. Je vois seulement du brouillard devant moi. Et puis je rencontre quelqu'un. Il a l'air d'avoir mon âge, ou un peu plus peut-être. Il a l'air libre. Il me regarde. Je le regarde. On se regarde. Et on continue de marcher cote à cote. Puis soudain il s'arrête. Il murmure. Dans le silence de la nuit je l'entends distinctement. « Viens. » Pourquoi je le suis ? Peut être que je veux tout simplement être comme lui. Totalement libre. J'ai toujours ces chaines aux pieds qui me retiennent, qui me chuchotent de rentrer chez moi. Tout cela n'est pas prudent. Mais il a la clé. La clé de ma liberté. Il la détient. Dans son cœur. Son esprit. Son âme. Il s'assoit dans l'herbe. Je le rejoins. Il s'allonge toujours sans dire un mot et me regarde intensément. Ce genre de regard qui n'a pas besoin de mot pour exprimer beaucoup. Et qui exprime beaucoup plus que des mots. Dans ses yeux je vois tout ce qu'il a vécu. Tout ses moments de joie, de liberté pure mais aussi ses tristesses, ses peurs. Je m'allonge à ses côté et regarde le ciel. Les étoiles sont magnifiques. Sans faire attention je commence à les compter. Il y en a beaucoup. Beaucoup trop. Je me sens tellement petite et insignifiante mais tellement unique et ... libre. Je tourne la tête. Le garçon a disparu. A sa place se trouve mon bureau, encombré. Le ciel n'est plus noir mais blanc. Il fait à nouveau chaud. Je suis dans ma chambre. Encore. Les chaînes sont là. Encore. La liberté est loin de moi. Encore.
Bellapine
209ème
3 060 points
En février 2020
Bellapine niveau/12 experience 1595 facteur
Coucou j'aime beaucoup le concept. Justement pour commenter le texte que tu viens juste de publier, moi qui adore également écrire composer, j'écris beaucoup de poèmes, ou du moins j'en ai beaucoup écrit lors des épreuves sentimentales de ma vie, voici donc ce que j'en pense personnellement :
- je suis une psychopathe de l'orthographe et j'apprécie le fait que tu n'en fasse que très peu : certaines personnes écrivent des choses jolies mais avec une écriture tellement horrible que ça en est illisible et vraiment pas appréciable.
- cela me perturbe un petit peu ces phrases vraiment courtes, bien que je comprenne le sens du texte et la forme qu'il prend, je t'aurais invité à ponctuer un peu plus pour que cela crée un rythme qui nous implique encore un peu plus que des pensées détachées. Mon impression ressemble pour ce texte à un tic-tac d'une horloge trop rapide et je trouve qu'un rythme plus ondulé aurait mieux été.
- je ne m'attendais pas du tout à cette fin, ou disons plutôt chute ou ouverture, c'est très intéressant
- j'apprécie beaucoup et j'ai hâte de voir les autres choses que tu as pu écrire !

Amitiés,
L.
Bellapine
209ème
3 060 points
En février 2020
Bellapine niveau/12 experience 1595 facteur
* que tu ne fasse que très peu de fautes, je me suis mal exprimée, mais je pense que tu avais compris.
chenipoteun
214ème
3 018 points
En février 2020
Salut ! Merci pour ton commentaire.

Je suis pas une grande fan des fautes d'orthographe non plus, j'essaie de les limiter au maximum !
Sinon pour les phrases courtes, je suis plutôt d'accord avec toi. Mais j'ai écrit ce texte il y a assez longtemps donc j'ai voulu le laisser comme il était. J'avais écrit sur le moment et je suis très peu revenue dessus après coup, c'est écrit comme je ressentais, en quelques sortes. Par rapport au tic tac trop rapide, je trouve que ça colle bien avec l'histoire justement, comme un moment d'évasion, un rêve d'évasion plutôt, beaucoup trop rapide, qui coule entre les doigts sans qu'on ait le temps de l'apprécier pleinement. Et même s'il paraît durer des heures sur le moment, on est vite rattrapé par la réalité..

(tiens petite question d'orthographe : "on est vite rattrapÉ" ou "rattrapés" ? je me demandais..)
Bellapine
209ème
3 060 points
En février 2020
Bellapine niveau/12 experience 1595 facteur
J'aurais dis rattrapé car participe passé... Mais là je ne suis pas sûre..
Et sinon je suis d'accord avec toi sur le fait de ne pas être revenue dessus, je n'aime pas faire cela non plus ^^
Minou
682ème
1 492 points
En février 2020
Minou niveau/10 experience 885 facteur
J'aime bien ton texte.^^

Je trouve effectivement que le tic-tac d'une horloge colle bien à l'histoire, c'est ce que j'ai ressentis...
Le personnage est pressé, opressé par cette horloge, par le temps...

Tu écris très bien je trouve ^^
YStonCopilote
120ème
4 218 points
En février 2020
C'est super comme idée, j'adore ce concept de publier de courts textes^^ j'en écris moi-même baeucoup
chenipoteun
214ème
3 018 points
En février 2020
Ils pensent que je suis folle. Oui, ils sont persuadés que je suis tarée, bonne à interner. Tout ça parce que j'ai gardé le silence, parce que les mots étaient restés bloqués au fond de ma gorge, parce que comme souvent j'ai été incapable de répondre. Ils ont appelé ça "mutisme sélectif". Comme si je sélectionnais les moments, les personnes à qui je souhaite parler. Non. Je ne choisis pas. C'est comme si j'étais dans une boîte dont je n'ai pas la clé. Parfois la boîte se ferme et je ne peux rien y faire, je ne sais pas l'ouvrir. J'aimerais pouvoir la détruire, la pulvériser mais je ne suis pas assez forte. Je suis juste une enfant qui a grandi, tant bien que mal, enfermée dans sa boîte.

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu des problèmes pour parler avec les autres. Mes parents ont toujours pris ça pour de la timidité. C'est vrai que ce n'est pas très loin. C'est aussi un handicap social. Mais il y a une tout de même une différence, la timidité ressemble d'avantage à un mur, elle est franchissable. Encore faut-il réussir à escalader le mur, et tout seul c'est presque impossible. Aussi, les gens finissent par ne plus venir vers nous. Qui voudrait parler à quelqu'un qui ne répond pas ? Sûrement pas moi, ni vous. N'ayez pas pitié, s'il vous plaît. Je n'ai pas besoin d'être entourée pour être heureuse tout comme je n'ai pas besoin de parler pour m'exprimer. Je le fais sur papier. Des dessins, des mélodies, et pour la première fois : un texte. C'est tout nouveau pour moi d'exprimer par des lettres mon ressenti. Et je trouve ça beau. Mais ce n'est pas aussi évident que je le pensais. Chaque mot est réfléchi, choisi avec soin. On ne peut pas se permettre un mot de travers, un mot tremblant. Ils doivent tous être sûrs d'eux, sûrs de leur sens. Un texte est comme un tissage. Tous les mots sont reliés entre eux pour former un texte comme les fils forment un tissu. Plus le fil est beau, plus le tissu le sera. Mais il ne suffit pas d'user de beaux mots pour un beau texte, de beaux fils tissés grossièrement donneront un tissu grossier. Mon tissu à moi est loin d'être une belle soie, il est plutôt comme la toile : brut, rugueux, simple.

Comme d'habitude, une feuille est posée sur mon bureau, caché dans un coin de ma petite chambre. Rangées dans une burette au dessus des tiroirs de droite, toutes ses copines la regardent. Comment celle-ci va t-elle perdre sa blancheur immaculée, régulière et innocente ? se demandent-elles inquiètes. L'arme du crime supposée, le crayon de bois posé à côté. En temps normal, la question resterait peu de temps en suspens, mais aujourd'hui je ne vais pas m'asseoir sur la chaise, je ne vais pas saisir le crayon et je ne vais pas salir cette belle feuille des mes pensées brouillons. Alors je fais dos à ma table, dos à la lumière du jour que filtrent les rideaux de tulle. Face à moi, collée à mon armoire, je vois une fille. Une jeune femme, dirait ma mère. Elle est petite, frêle, pâle. Il en faudrait peu pour la casser, physiquement comme mentalement. Ses yeux sont brillants, ils débordent d'émotions et trahissent son visage neutre et impassible. Elle baisse légèrement le regard voyant que je l'observe. Le mien se dirige alors vers sa bouche. Elle est aussi fine et pâle que le reste de son corps. Ses lèvres disparaissent quand elle sourit faussement comme elle le fait si souvent. Et un petit creux se forme sur sa joue droite lorsqu'elle rit. Sa peau est blanche, immaculée. Elle contraste avec ses cheveux de jais coupés en carré court. Une frange rebelle se balade sur son front et un gros ruban rouge passe derrière sa nuque, sous ses cheveux, pour finir, noué en deux belles boucles, sur le dessus de son crâne. Elle paraîtrait sortie d'un autre siècle si seulement elle ne portait pas ce sweat-shirt de marque que son père lui avait offert pour ses 16 ans. Il est toujours beaucoup trop grand pour elle. Les manches sont retroussées en ourlets et le bas du vêtement lui arrive au milieu des cuisses. Ses fines jambes sont nues. Elles sont encore plus pâles et ternes que ses lèvres et son visage. Elle porte des chaussettes noires comme à son habitude. Je remonte mon regard et croise le sien. Cette fille dans le miroir, elle me ressemble. Elle est ce que les gens voient en me regardant. Mais elle n'est pas moi, seulement une image, un reflet.

Je pense que c'est pour mes parents que mon mutisme est le plus difficile, surtout depuis que le médecin nous a annoncé mon "mutisme sélectif". Il paraît que c'est souvent amené par un traumatisme vécu dans l'enfance, alors ils se sentent coupables. Mais ce n'est pas de leur faute, enfin je crois. Si j'ai été traumatisée dans mon enfance, je ne m'en souviens pas du tout. J'ai toujours été comme ça et je le serais probablement toujours. Ma mère est triste que je ne me confie pas. Elle à toujours rêvé d'avoir une fille qui lui parlerait de ses petits problèmes quotidiens alors que je me contente de la regarder en silence, esquissant un petit sourire de temps en temps. Je répond à ses questions, je ne peux pas faire plus. Mais ça n'a pas l'air d'être assez pour ma mère, pourtant elle est une des seules personnes à qui je parle autant. Je parle beaucoup avec mon père aussi. Enfin, c'est plutôt lui qui me parle beaucoup. Moi je l'écoute. J'adore ces moments, quand il rentre du travail, qu'on s'installe tous les deux sur le canapé et qu'il me raconte sa journée. Il a l'air tellement passionné et heureux. Ça me fait sourire. Ça m'inspire. J'essaie d'esquisser des dessins aussi passionnés que mon père, de créer des mélodies aussi heureuses qu'il l'est. Mais souvent, ça me dépasse. Je n'arrive pas à capter la source de sa joie. Et sans cette source, il m'est impossible de reproduire son bonheur. C'est comme essayer de bâtir une maison sans ciment, vous pouvez y arriver mais votre maison sera bancale et s'effondrera au premier coup de vent. Le béton de mon père est le plus solide que je connaisse. Rien n'ébranle son bonheur, sa joie de vivre. Quand je lui demande sa recette, son secret, il me répond simplement « Je ne vois pas ce que je pourrais avoir de mieux. J'ai une fille superbe, une femme qui m'aime, un toit et à manger. Je ne peux être plus comblé. » Mon père est de ces hommes simples que le matérialisme n'a pas encore contaminé. Il se contente de ce qu'il a et jamais ne se plaindra de ce qu'il n'a pas. C'est peut-être dû à son passé, mais il en parle très peu. Je sais seulement que lorsqu'il a connu ma mère il n'avait pas de toit.


___
c'était un texte que j'avais écrit ya 2 ans à peu près pour un concours sur Wattpad mais je l'ai jamais envoyé parce que je l'ai jamais fini. :)

(ça parle absolument pas de moi)
chenipoteun
214ème
3 018 points
En mars 2020
Son sourire, qu'il arbore fièrement à chaque seconde de son existence, est lumineux, rayonnant, heureux. Il met en confiance et apporte un peu de joie dans le cœur de quiconque le croise.

Il aime rire et faire rire. Il joue des mots, des gestes et de ses propres émotions pour amuser son public. Il lui arrive même de le faire de façon inconsciente. Le rire est une partie inhérente de lui. Rien ni personne ne saurait ou n'oserait lui enlever. Il rigole, il fait des blagues à longueur de journée. Il réchauffe les cœurs et illumine les visages comme un rayon de soleil d'été.

Il parle beaucoup, parfois beaucoup trop, et parfois pour ne rien dire du tout. Il comble le vide. Quand il n'est pas sûr de ses propos, il bafouille et se perd très rapidement dans ses mots. Il ressemble à un petit enfant qui n'attend que l'approbation de son professeur.

Pourtant, le limiter à ce côté de grand enfant serait une grossière erreur. Il réfléchit, il essaie de comprendre, il s'intéresse à de nombreux domaines tellement différents les uns des autres. Il n'a pas réponse à tout, mais il est ouvert à toute discussion. Il a une soif de connaissance infinie. Son esprit et son cœur sont ouverts à l'inconnu. Il n'en a pas peur. Il l'accueille dans ses bras, dans son âme. L'inconnu l'attire et le nourrit. Ils courent l'un vers l'autre les yeux fermés mais ne se touchent jamais, car l'inconnu n'existe que lorsqu'on en a peur.

Et lorsqu'il me regarde, je sens mon cœur fondre. Il m'hypnotise, il m'emporte vers une terre où joie et amour sont maîtres. J'oublie tout. Je ne vois que ses deux iris bleues qui me fixent avec passion au milieu du brouillard. Je n'entends que son souffle près du mien. Je ne sens que sa main sur la mienne. Et je ne pense qu'à lui et moi.

_____

Ça fait (très) longtemps que je n'ai pas écrit. J'essaie de m'y remettre par des portraits. Voilà le premier (d'une longue série je l'espère).
Je n'en suis pas vraiment satisfaite mais il faut bien commencer quelque part...
chenipoteun
214ème
3 018 points
En mars 2020
Portrait n°2

Elle est assise tranquillement. Toujours le même café, toujours la même table, toujours la même commande et toujours seule. Ses mains fines saisissent délicatement la tasse et l'approchent de sa bouche. Puis elle souffle dessus en détournant le regard vers la rue. Ses yeux de jais fixent les passants un à un, et finissent par se reposer sur la tasse. Elle l'écrase contre ses lèvres et commence à siroter son café en silence.

Son sac est toujours posé à côté d'elle, empêchant toute personne de venir perturber son rituel matinal. Une fois quelques gorgés bues, elle fouille dedans et en sort un paquet de cigarettes. Elle en allume une et s'appuie contre le dossier de la chaise. Elle expire et tous ses soucis, tous ses problèmes semblent partir, pour quelques instants au moins, hors de son corps, comme emportés par la fumée grise. Elle reprend ensuite sa tasse et boit une autre gorgé, puis expire encore une fois. Et elle recommence jusqu'à ce que la tasse soit vide et la cigarette consumée.

Elle reste ainsi, assise sur la chaise du café, à regarder les gens passer, pendant quelques minutes encore avant de jeter un coup d'œil à sa montre. Neuf heures moins le quart. Elle se lève avec grâce, enfile son sac sur l'épaule et s'en va.

Ses cheveux noirs se balancent au rythme de ses pas et viennent doucement caresser sa nuque. Sa chemise blanche immaculée a été légèrement froissée par son arrêt matinal au café du bout de la rue. Elle s'arrête, la lisse d'un revers de main, et repart de plus belle.

Les gens se retournent sur son passage. Elle dégage une classe et une assurance digne des plus grandes. Elle marche droite et fière. Rien ni personne ne pourra l'arrêter, elle est prête à conquérir le monde et bien plus s'il le faut.
La crique
860ème
1 164 points
En mars 2020
compte supprimé niveau/7 experience 520 facteur
Super ! On peut bien s’imaginer la personne ! J'adore !
chenipoteun
214ème
3 018 points
En mars 2020
design/quote.png
La crique Super ! On peut bien s’imaginer la personne ! J'adore !

Merci 🙂
Minou
682ème
1 492 points
En mars 2020
Minou niveau/10 experience 885 facteur
design/quote.png
chenipoteun Ils pensent que je suis folle. Oui, ils sont persuadés que je suis tarée, bonne à interner. Tout ça parce que j'ai gardé le silence, parce que les mots étaient restés bloqués au fond de ma gorge, parce que comme souvent j'ai été incapable de répondre. Ils ont appelé ça "mutisme sélectif". Comme si je sélectionnais les moments, les personnes à qui je souhaite parler. Non. Je ne choisis pas. C'est comme si j'étais dans une boîte dont je n'ai pas la clé. Parfois la boîte se ferme et je ne peux rien y faire, je ne sais pas l'ouvrir. J'aimerais pouvoir la détruire, la pulvériser mais je ne suis pas assez forte. Je suis juste une enfant qui a grandi, tant bien que mal, enfermée dans sa boîte.

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu des problèmes pour parler avec les autres. Mes parents ont toujours pris ça pour de la timidité. C'est vrai que ce n'est pas très loin. C'est aussi un handicap social. Mais il y a une tout de même une différence, la timidité ressemble d'avantage à un mur, elle est franchissable. Encore faut-il réussir à escalader le mur, et tout seul c'est presque impossible. Aussi, les gens finissent par ne plus venir vers nous. Qui voudrait parler à quelqu'un qui ne répond pas ? Sûrement pas moi, ni vous. N'ayez pas pitié, s'il vous plaît. Je n'ai pas besoin d'être entourée pour être heureuse tout comme je n'ai pas besoin de parler pour m'exprimer. Je le fais sur papier. Des dessins, des mélodies, et pour la première fois : un texte. C'est tout nouveau pour moi d'exprimer par des lettres mon ressenti. Et je trouve ça beau. Mais ce n'est pas aussi évident que je le pensais. Chaque mot est réfléchi, choisi avec soin. On ne peut pas se permettre un mot de travers, un mot tremblant. Ils doivent tous être sûrs d'eux, sûrs de leur sens. Un texte est comme un tissage. Tous les mots sont reliés entre eux pour former un texte comme les fils forment un tissu. Plus le fil est beau, plus le tissu le sera. Mais il ne suffit pas d'user de beaux mots pour un beau texte, de beaux fils tissés grossièrement donneront un tissu grossier. Mon tissu à moi est loin d'être une belle soie, il est plutôt comme la toile : brut, rugueux, simple.

Comme d'habitude, une feuille est posée sur mon bureau, caché dans un coin de ma petite chambre. Rangées dans une burette au dessus des tiroirs de droite, toutes ses copines la regardent. Comment celle-ci va t-elle perdre sa blancheur immaculée, régulière et innocente ? se demandent-elles inquiètes. L'arme du crime supposée, le crayon de bois posé à côté. En temps normal, la question resterait peu de temps en suspens, mais aujourd'hui je ne vais pas m'asseoir sur la chaise, je ne vais pas saisir le crayon et je ne vais pas salir cette belle feuille des mes pensées brouillons. Alors je fais dos à ma table, dos à la lumière du jour que filtrent les rideaux de tulle. Face à moi, collée à mon armoire, je vois une fille. Une jeune femme, dirait ma mère. Elle est petite, frêle, pâle. Il en faudrait peu pour la casser, physiquement comme mentalement. Ses yeux sont brillants, ils débordent d'émotions et trahissent son visage neutre et impassible. Elle baisse légèrement le regard voyant que je l'observe. Le mien se dirige alors vers sa bouche. Elle est aussi fine et pâle que le reste de son corps. Ses lèvres disparaissent quand elle sourit faussement comme elle le fait si souvent. Et un petit creux se forme sur sa joue droite lorsqu'elle rit. Sa peau est blanche, immaculée. Elle contraste avec ses cheveux de jais coupés en carré court. Une frange rebelle se balade sur son front et un gros ruban rouge passe derrière sa nuque, sous ses cheveux, pour finir, noué en deux belles boucles, sur le dessus de son crâne. Elle paraîtrait sortie d'un autre siècle si seulement elle ne portait pas ce sweat-shirt de marque que son père lui avait offert pour ses 16 ans. Il est toujours beaucoup trop grand pour elle. Les manches sont retroussées en ourlets et le bas du vêtement lui arrive au milieu des cuisses. Ses fines jambes sont nues. Elles sont encore plus pâles et ternes que ses lèvres et son visage. Elle porte des chaussettes noires comme à son habitude. Je remonte mon regard et croise le sien. Cette fille dans le miroir, elle me ressemble. Elle est ce que les gens voient en me regardant. Mais elle n'est pas moi, seulement une image, un reflet.

Je pense que c'est pour mes parents que mon mutisme est le plus difficile, surtout depuis que le médecin nous a annoncé mon "mutisme sélectif". Il paraît que c'est souvent amené par un traumatisme vécu dans l'enfance, alors ils se sentent coupables. Mais ce n'est pas de leur faute, enfin je crois. Si j'ai été traumatisée dans mon enfance, je ne m'en souviens pas du tout. J'ai toujours été comme ça et je le serais probablement toujours. Ma mère est triste que je ne me confie pas. Elle à toujours rêvé d'avoir une fille qui lui parlerait de ses petits problèmes quotidiens alors que je me contente de la regarder en silence, esquissant un petit sourire de temps en temps. Je répond à ses questions, je ne peux pas faire plus. Mais ça n'a pas l'air d'être assez pour ma mère, pourtant elle est une des seules personnes à qui je parle autant. Je parle beaucoup avec mon père aussi. Enfin, c'est plutôt lui qui me parle beaucoup. Moi je l'écoute. J'adore ces moments, quand il rentre du travail, qu'on s'installe tous les deux sur le canapé et qu'il me raconte sa journée. Il a l'air tellement passionné et heureux. Ça me fait sourire. Ça m'inspire. J'essaie d'esquisser des dessins aussi passionnés que mon père, de créer des mélodies aussi heureuses qu'il l'est. Mais souvent, ça me dépasse. Je n'arrive pas à capter la source de sa joie. Et sans cette source, il m'est impossible de reproduire son bonheur. C'est comme essayer de bâtir une maison sans ciment, vous pouvez y arriver mais votre maison sera bancale et s'effondrera au premier coup de vent. Le béton de mon père est le plus solide que je connaisse. Rien n'ébranle son bonheur, sa joie de vivre. Quand je lui demande sa recette, son secret, il me répond simplement « Je ne vois pas ce que je pourrais avoir de mieux. J'ai une fille superbe, une femme qui m'aime, un toit et à manger. Je ne peux être plus comblé. » Mon père est de ces hommes simples que le matérialisme n'a pas encore contaminé. Il se contente de ce qu'il a et jamais ne se plaindra de ce qu'il n'a pas. C'est peut-être dû à son passé, mais il en parle très peu. Je sais seulement que lorsqu'il a connu ma mère il n'avait pas de toit.


___
c'était un texte que j'avais écrit ya 2 ans à peu près pour un concours sur Wattpad mais je l'ai jamais envoyé parce que je l'ai jamais fini. :)

(ça parle absolument pas de moi)

Hello, je viens de lire tes 3 derniers textes, et j'ai beaucoup aimé celui-ci, on est vraiment entrainé par toutes ce paroles, et c'est très émouvant. On arrive à comprendre, ou on semble comprendre la jeune fille. C'était un très beau texte.

Tes portraits aussi sont super, même si j'ai préféré ce texte là ^^
C'est bien que tu te remette à l'écriture, tu écris vraiment bien 😂
chenipoteun
214ème
3 018 points
En mars 2020
design/quote.png
Minou Hello, je viens de lire tes 3 derniers textes, et j'ai beaucoup aimé celui-ci, on est vraiment entrainé par toutes ce paroles, et c'est très émouvant. On arrive à comprendre, ou on semble comprendre la jeune fille. C'était un très beau texte.

Tes portraits aussi sont super, même si j'ai préféré ce texte là ^^
C'est bien que tu te remette à l'écriture, tu écris vraiment bien 😂

Merci beaucoup ! Contente que ça te plaise ! 👍
Minou
682ème
1 492 points
En mars 2020
Minou niveau/10 experience 885 facteur
😂
chenipoteun
214ème
3 018 points
En mars 2020
Texte supprimé 🙂
Minou
682ème
1 492 points
En mars 2020
Minou niveau/10 experience 885 facteur
C'est super !
C'est un très beau texte, qui fais mal mais qui est très bien écrit...
Bravo 😂
chenipoteun
214ème
3 018 points
En mai 2020
Merci Minou 🙂
chenipoteun
214ème
3 018 points
En mai 2020
- Fiction envoyée pour le concours de fiction de noël 2019 -



Laissez-moi vous raconter l'histoire d'Icare, le vieux bûcheron.
« Comme tout les soirs depuis plus d’années qu’on ne saurait en compter, Icare rentrait chez lui, suivant toujours le même chemin qui s’était creusé au fil des mois entre les arbres. Dès que le soleil s’éclipsait derrière la colline, l’obscurité devenait reine du bois. Gare à l’imprudent qui oserait s’y promener une fois la nuit tombée. Seule la lune et les plus vives étoiles éclairaient les quelques clairières parsemées dans cette grande forêt. Cette grande forêt, qu’heureusement, Icare connaissait par coeur. Chaque matin et chaque soir depuis si longtemps, il empruntait le même chemin. Il aurait pu le faire les yeux bandés.
Il chérissait chacun de ces arbres qui lui permettaient de subvenir aux besoins de sa famille et, à chaque fois qu’il en abattait un, il levait les yeux au ciel et regardait son âme rejoindre les cieux tout en s’excusant de lui ôter ainsi la vie.

Ce soir-là, la lune n’était pas au rendez-vous. La forêt était si sombre que n'importe qui s'y serait perdu. Mais Icare suivait tranquillement son chemin habituel, il évitait aisément les buissons piquants, les racines qui lui tendaient des pièges au sol et les branches qui avaient poussé un peu trop bas. Il connaissait chacun de ses obstacles. Le vieil homme marchait lentement dans le froid de fin d’année, fatigué par cette longue journée. La période de Noël était toujours la plus dure pour les bûcherons. Pour une raison qu’il ne pouvait s’expliquer, tout le monde voulait son sapin dans son salon. Un ami lui avait expliqué que c’était l’arbre associé par le calendrier celte au mois lunaire qui commençait le 24 décembre. Mais pour Icare, cela n’expliquait pas cette manie de couper des arbres pour les rentrer dans un petit salon. Les sapins appartenaient au dehors, à la nature. Ils n’étaient pas fait pour être enfermés sous un plafond. Ils avaient besoin d’air, d’espace, de liberté. Cependant, cette obsession lui permettait d’offrir un beau repas de Noël à sa famille, alors il acceptait de couper tout ces arbres.

Icare ne semblait pas se douter qu'il allait, quelques minutes plus tard, assister à un magnifique spectacle, qu'il n'oublierait probablement jamais et qui allait changer son avis tranché sur la tradition. Pour le moment, il pensait au repas qu'il allait manger le soir. Il pensait à sa femme, ses enfants et ses petits-enfants qu'il allait retrouver le soir-même. Il pensait à la soirée paisible qu'ils allaient passer devant un beau feu de cheminée. Il pensait aux visages heureux et épuisés de ses petits-enfants qui allaient sûrement s'endormir dans ses bras, au coin du feu. Il pensait à la joie que voir sa famille allait lui procurer. Mais il ne pensait plus à regarder où il marchait.

Et soudain, il trébucha sur une racine et s'étala de tout son long dans la neige blanche. Il se trouvait à l'entrée de la dernière des clairières. Icare décida qu'il était temps pour lui de prendre une pause et s'assit sur une souche non loin de là. Il sortit de son sac une flasque et un bout de pain. Il but une gorgé qui lui brûla l'œsophage et avala un morceau du pain, pour se donner du courage, pensa t-il.

Il leva les yeux et regarda les étoiles. Elles étaient belles ce soir-là. La nouvelle lune les rendaient d'autant plus brillantes. Il tenta de se remémorer les constellations qu'il connaissait et leurs histoires avant d'essayer de les chercher dans le ciel. Bien que ses souvenirs furent bien trop flous pour en être certain, il lui sembla apercevoir la Grande Ourse et peut-être même Orion. Puis, sans qu'il ne puisse s'expliquer pourquoi, son regard fut attiré vers le bas.

Devant lui, se dressait un magnifique sapin. Et, entre ses épines, des points lumineux brillaient. Il y avait longtemps que Icare n'avait pas assisté à quelque chose d'aussi beau. Les étoiles, qui brillaient particulièrement fort par ce soir de lune noire, ornaient le sapin. Leur lumière traversait les branches épineuses. L'arbre scintillait de mille feux et Icare ne pouvait en détacher son regard. C'est alors qu'une idée jaillit de son esprit. Et si, au lieu de mettre un banal sapin dans son salon, on le décorait de lumières ? Il lui semblait qu'était là toute la magie de Noël qu'il manquait à ce rituel de l'arbre. Mais les étoiles ne peuvent pas scintiller dans une maison. Un problème se posait donc pour Icare. Il décida alors de couper un dernier arbre, le dernier de la soirée. Et celui-ci ne serait pas pour vendre. Il ne coupa pas le magnifique sapin qui brillait, il préféra laisser à la vue de quiconque ce beau spectacle et décida d'abattre un autre arbre de la clairière.

Son sapin sur l'épaule, Icare continuait son chemin. Il n'était plus très loin de chez lui. Le vieil homme pensait tellement à l'arbre qu'il avait vu que le trajet était passé très rapidement, mais il n'avait toujours pas trouvé la solution à son problème. Comment faire entrer la lumière des étoiles dans son petit salon ?

En arrivant chez lui, il se hâta de raconter ce qu'il avait vu à sa famille, qui sembla tout autant émerveillée. Ainsi, ils se retrouvèrent tous, assis autour de l'arbre qu'Icare avait ramené, à réfléchir. Comment faire entrer la lumière des étoiles dans leur petit salon ? Le temps passait lentement et plus personne n'osait parler, jusqu'à ce que la petite-fille d'Icare prenne la parole.

« Aujourd'hui à l'école, un homme est venu. Le maître nous a dit que c'était un astrologue, ça veut dire qu'il aime beaucoup regarder les étoiles. Et ce monsieur a dit que les étoiles étaient des énormes boules de feu, mais comme elles se trouvent très très loin de nous, on le voit toutes petites. Peut-être qu'on peut mettre des minuscules boules de feu dans le sapin ?
- Mais oui bien sûr ! » s'écria Icare en se précipitant dans la cuisine.

Il revint quelques secondes plus tard avec une quinzaine de bougies. Et annonça à sa famille qu'il fallait maintenant trouver une solution pour accrocher les bougies aux branches.
Les bougies furent coupées et fixées sur des pinces puis, une à une, allumées et accrochées sur les branches de l'arbre. Au fur et à mesure qu'ils accrochaient les bougies, Icare retrouvait le beau spectacle auquel il avait assisté, quelques heures auparavant, dans la forêt.

Dans les jours qui suivirent, tout le monde au village avait entendu parler du sapin d'Icare et avait voulu venir le voir. La tradition ne tarda pas à se répandre et bientôt, tout les villages aux alentours avaient des sapins décorés de bougies. »

Depuis ce jour, en souvenir de ce beau spectacle dont Icare a été témoin, on orne les sapins de lumière pendant la période de Noël. Au fil des années, les bougies, qui causaient bien trop d'incendies, furent remplacées par les guirlandes électriques que nous connaissons aujourd'hui. Pensez au vieil Icare la prochaine fois que vous décorerez votre sapin et remerciez-le d'avoir trébuché.
chenipoteun
214ème
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En juin 2020
De l’autre côté de la vitre, le tonnerre gronde. Et en moi, un torrent d’émotions se déverse. Elles sont des vagues qui tapent et se fracassent sur les parois de ma crique. Il n'y aucune échappatoire, je ne peux pas les fuir. Elles se bousculent, se chahutent, elles viennent, elle partent. Elles arrivent de nulle part et de partout à la fois. Elles m’empêchent de penser, de réfléchir, d’être claire. Elles prennent toute la place et même plus encore. Chaque jour de nouvelles viennent s’ajouter aux anciennes. Chaque jours elles sont plus nombreuses, plus grandes, plus terrifiantes. Les nouvelles arrivantes se mélangent à celles dont le sentiment m’était familier, celles dont je connaissais la provenance et la cause, celles qui m’appartenaient. Elles se mélangent tellement que je n’arrive plus à les différencier. Lesquelles sont les miennes ? Elles le deviennent toutes. Elles me submergent et me noient. Je tente de garder la tête hors de l’eau, j’essaie de retrouver celles qui sont miennes et de les protéger, de les isoler. Je balaie, en vain, de la main les autres, je ne suis qu’une petite chose face à ces énormes vagues sans pitié. Alors je me laisse couler et je me noie.

Et puis le lendemain, c’est le calme plat, plus une vague ne vient déranger mon sanctuaire. Je les cherche partout. Elles ne sont plus là, elles m’ont laissé seule, elles m’ont enfin laissée tranquille. Elles m’ont enfin laissée tranquille et j’ai peur. L’immense vide qu’elles ont laissé me fait peur. J’ai tellement peur qu’il ne soit jamais comblé.
Aujourd'hui, à 14:05
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