Texte 8 : Monstre, de Feu

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chenipoteun
chat Texte 8 : Monstre, de Feu
par chenipoteun en novembre 2020

chenipoteun
213ème
3 018 points
En novembre 2020
Bonjour à toutes et à tous, voici le huitième texte de ce concours de fictions : Monstre écrit par Feu. Bonne lecture !


Je suis réveillé, enfin. C'est le grand jour. Les médecins me le répètent depuis une semaine mais aujourd'hui, ça va arriver, je le sens.
Oui, je suis convaincu que cela va être une fabuleuse journée. Mon coeur s'emballe. J'ai tellement hâte de revoir tout ce qui m'entoure.
Après avoir passé les trois dernières semaines dans un noir total, aujourd'hui je vais pouvoir utiliser mes yeux à nouveau !
Un grincement retient mon attention, je tends l'oreille.
La porte de ma chambre vient de s'ouvrir, et quelqu'un approche. Une vague de parfum vient chatouiller mes narines.
« Hanna ? Je chuchote.
- Bonjour, Adrien, me répond joyeusement mon infirmière préférée.
- C'est pour aujourd'hui, je le sens ! »
Elle commence à retirer les pansements de mes yeux, doucement, et je ne peux m'empêcher de trembler d'impatience.
A l'intérieur de mon corps a lieu une explosion de sensations. Joie, impatience, excitation mais aussi une pointe d'angoisse et d'appréhension se bousculent dans chaque partie de mon corps.
Et si ça se passait mal ?
« Non, ça va aller » me souffle ma conscience.
Le moment que j'attends depuis trois longues semaines est imminent, je n'en reviens pas !
J'essaie de me concentrer sur ma respiration pour me calmer.
Je soulève délicatement mes paupières. Au début, ébloui par cette clarté qui règne dans la pièce et qui m'agresse, je referme instinctivement les yeux. Après quelques secondes, je soulève à nouveau mes paupières. Tout est flou, je ne distingue que des formes, mais qui se précisent peu à peu.
Cela faisait si longtemps que j'imaginais ce moment qu'une larme de joie roule sur ma joue.
Je cligne plusieurs fois des yeux. Je peux enfin voir ma chambre ; les murs sont blancs, comme les draps, ce qui contraste avec le sol et le plafond qui sont, eux, bleu nuit.
C'est magique.
Je tourne la tête vers Hanna, assise à ma droite et qui me sourit, les yeux embués de larmes. J'observe chaque détail de son visage ; ses cheveux blonds retombant sur ses épaules en cascade, une mèche vint accentuer son regard vert qui me scrute lui aussi. J'aperçois également quelques taches de rousseur, parsemées sur son nez et ses pommettes.
Mon regard balaie ensuite la pièce avant de se poser sur la fenêtre. Je me lève -difficilement- et m'approche de celle-ci.
Quelques rayons de soleil la traversent. Le paysage dehors doit être magnifique.
Mais au lieu de l'extérieur, c'est un monstre qui se présente à moi. Je réalise ensuite que c'est mon reflet.
C'est moi.
« Non… Non ! Ce n'est pas possible ! »
Je ne peux pas être comme ça ! Ce ne peut pas être moi !
« Je ne peux pas ressembler à ça ! » Je cris en portant mes mains à mon visage, pour le couvrir.
Ce visage, mon visage, est totalement gonflé et rouge.
Toutes les émotions que j'avais ressenties auparavant se sont envolées pour laisser place à de la colère, de la haine et du dégoût.
Je soulève mes mains et découvre avec horreur les dégâts qu'a provoqué cet obus sur mon visage.
Mon nez est complètement déformé, de travers et à moitié arraché, ma lèvre inférieure à disparue, laissant apparaître une gencive gonflée et rouge, elle aussi. J'ai une blessure au niveau de l'arcade gauche, et le bandage qui la protège est imbibé de sang.
Je me recule, jusqu'à tomber sur mon matelas, complètement abasourdie.
Je n'entends même plus Hanna qui tente de me réconforter, je ne sens pas non plus sa main sur mon épaule.
Seuls trois mots retentissent dans mon esprit, en boucle, m'assommant à chaque fois davantage.
« Je suis affreux. »
Cette pensée a envahi ma conscience et ne veux plus me lâcher. Je ne peux me résoudre au fait que ce soit vrai.
Je sens une profonde colère m'envahir et prendre possession de mon corps.
Je me relève et m'approche du mur, à côté de la fenêtre.
Je crie de toutes mes forces avant de frapper le mur de mon poing.
Une vive douleur remonte le long de mons bras, mais je n'y prete pas attention.
Je recommence.
Comme une voix lointaine, j'entends Hanna appeler des médecins.
Je cogne encore. Plus fort.
« Je suis affreux. »
Puis, d'un seul coup, tout disparaît. Je ne ressens plus rien. J'enlève mon poing du mur, quelques gouttes de sang tombe par terre. Je relève la tête.
Je me regarde une dernière fois et chuchote :
« Je m'appelle Adrien, et je suis un monstre. »
PetitSable
156ème
3 575 points
En novembre 2020
PetitSable niveau/12 experience 1575 facteur
Je suis triste ;-; C'est une forme différente d'horreur sans doute moins effrayante mais qui est pourtant tout autant horrible, j'ai adoré (comme pratiquement chaque texte en fait)
Bravo pour ton texte et bonne continuation 👍
Feu
24ème
7 343 points
En novembre 2020
Feu niveau/12 experience 2070 facteur
Merci PetitSable pour ton gentil message 🙂 Je n'ai pas pour habitude d'écrire de l'horreur/des textes qui font peur.
Aujourd'hui, à 04:33
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