Texte 11, de Minou

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chenipoteun
chat Texte 11, de Minou
par chenipoteun en décembre 2020

chenipoteun
217ème
3 018 points
En décembre 2020
Bonjour à toutes et à tous, voici le onzième texte de concours de fictions. Ecrit par Minou, il a remporté la première place. Bonne lecture !



Un silence de mort régnait dans le manoir. Seul le vent qui sifflait au dehors, et les craquements sinistres du bois se faisait entendre. Les flammes des bougies vacillaient, sans jamais s’éteindre. La cire rouge sang continuer de couler, maculant le parquet sombre de petites taches pourpre.
Un immense pentacle dessiné à la craie, et huit silhouettes vêtues de noir placées tout autour.
Le temps semblait s’être arrêté, une atmosphère dangereuse s’était installée dans le manoir à l’abandon.
Une des huit silhouettes ouvrit lentement ses lèvres, et un flot d’incantations s’en déversa. Elle avait une voix à vous glacer le sang, mais les autres personnes encapuchonnées ne réagirent pas. Elles se contentèrent de répéter d’une même voix les paroles incompréhensibles de la femme qui les menait. Ils continuèrent ainsi pendant de longues minutes, jusqu’à ce que les flammes des bougies se mettent à vaciller davantage. Les voix se turent instantanément. Les flammèches continuait de vaciller, de plus en plus vite, elles grandissaient, s’étiraient, et partaient en tout sens. Jusqu’à ce qu’elles s’éteignent toutes brutalement. La pièce sombra soudainement dans la plus profonde obscurité. Puis, une lueur rouge apparut au centre du pentacle. Elle grandit, et une silhouette se forma. Un son, un gémissement, qui se mua en cri tandis que la forme se précisait.
Une fillette hurlait à la lune, un cri de douleur qui déchira le ciel, une plainte chargée de désespoir et de souffrances. Le cri s’étouffa enfin, et la fille tomba brutalement au centre du pentacle, soulevant un nuage de poussière. La lumière rouge avait disparut au même moment, et toutes les bougies s’étaient rallumés d’elles même.
La fillette, à demi consciente, se releva lentement. Sous ses yeux à demi ouvert des questions l’assaillaient, des impressions aussi, toujours accompagnés d’une douleur fulgurante.
Qui était elle ? Elle avait mal, très mal. Elle voudrait revenir là où elle était l’instant précédant. Mais où était ce ? Tout lui semblait devenir flou...
Elle regarda devant elle, ses yeux plissés rencontrèrent deux yeux rouges, pétillant d’une lueur malsaine. Quand la femme qui menait le rituel s’adressa à la fillette, cette dernière n’était plus elle même.

**********

Le bruit des trains qui entraient en gare, les sifflements, la vapeur. Et les passants, ceux qui se hâtaient avec leur grandes valises, les messieurs à haut de forme qui regardaient frénétiquement leur montre, les femmes et leurs innombrables jupons, les bruits des conversations joyeuses, les boutiques, les cafés, un garçon qui vendait ses journaux...
Une fille d’une dizaine d’années, peut être plus, se frayait rapidement un chemin entre les passants et passantes. Elle bousculait sans ménagement ceux qui se dressaient sur son chemin, provoquant des protestations outrées. Enfin, elle trouva celui qu’elle cherchait. Le garçon qui vendait le journal, qui devait avoir son âge, s’approcha d’elle quand il l’aperçut.
T’as réussi à en avoir ? Lui demanda t il.
Elle leva devant elle la baguette de pain qu’elle avait à la main, un sourire satisfait aux lèvres.
Les deux enfants s’éloignèrent un peu de la foule, et s’adossèrent contre un mur de la gare pour partager leur pain.
La fillette rousse s’accroupit, et laissa errer son regard. Et elle l’aperçut, comme à chaque fois, au même endroit.
Elle encore là, Victor.
Ce dernier hocha la tête sans même détourer le regard.
C’était une fille anormalement pâle, ses cheveux, ses yeux, sa peau, même sa robe, tout chez elle était blanc comme la neige. Sauf ses pieds nus, noircis et écorchés.
Tout le monde la trouvait « bizarre », de nombreuses rumeurs courraient à son sujet. Elle était toujours là, assise par terre, apparemment perdue dans ses rêveries.
Les gens passaient sans la voir, l’ignorant complètement, comme s’il s’agissait d’un fantôme, d’une vague illusion qu’il suffisait d’ignorer pour qu’elle disparaisse. La vérité c’est qu’elle leur faisait peur...

Lise et Victor avaient déjà, une fois, essayé de lui parler. Elle les avaient regarder avec ses grands yeux blancs, la bouche entrouverte, comme si elle voulait leur dire quelque chose, mais qu’elle n’y parvenait pas. Lise avait alors eu pitié d’elle, la peur, et une si grande douleur se reflétaient dans ses yeux clairs. Victor lui avait demandé son nom. Elle sembla soudainement perdue...
Des larmes ruisselèrent sur son visage, elle murmura d’une voix fragile ;
Je ne sais pas... je ne sais plus... j’ai mal, j’ai si mal...
C’est tout ce qu’elle avait dit, Lise et Victor était restés pantelants, ne sachant absolument pas que faire...
Depuis Lise pensait souvent à elle... Elle était si mystérieuse...

Pensive, Lise lança sans trop réfléchir ;
Victor, la nuit, elle n’est plus là... tu sais où elle va ?
Le soir, à la nuit tombée, on pouvait la voir se faufiler discrètement hors de la gare, et s’engouffrer dans les rues sombres de la ville.
Aucunes idées, mais ça ne m’intéresse pas de le savoir...
Vraiment ? ajouta Lise. Elle avait une idée derrière la tête, et Victor n’aimait pas ça. Il aimait rarement les idées que Lise pouvait avoir.
Oui. Et si tu a des idées derrière la tête, je t’arrête tout de suite. Et ce n’est pas prudent, surtout en ce moment.
Lise afficha une moue bougonne. Elle savait bien que la ville n’était pas très sure ces temps ci... Deux personnes avait étés retrouvées mortes de façon inexplicable. Il semblerait qu’elle ai été comme « brûlées de l’intérieur »...
Une affaire bien étrange...
Je pense qu’on devrait la suivre. Je veux savoir ce qu’elle fabrique... Et si tu ne veux pas j’irais tout de seule. dit elle d’un ton narquois.
Encore gagné... Lise savait bien que Victor ne l’abandonnerait pas, et lui savait bien qu’elle était réellement capable d’y aller tout de seule...
Qu’est ce qu’elle pouvait être énervante parfois...

**********

La lumière du jour déclinait, la nuit ne tarda pas à s’abattre sur la ville. Aux aguets, Lise fit signe à Victor dès que la fille qui n’avait pas de nom se leva. Elle se dirigea a pas rapides vers l’extérieur de la gare, et Lise et Victor la suivirent le plus discrètement possible. À l’extérieur, la fille emprunta une rue pavée, assez étroite. Elle marcha comme ceci pendant plusieurs minutes, qui parurent interminablement longues. Une atmosphère pesante s’installait au fur et à mesure que le temps s’égrenait.
Enfin, après de nombreux tournants, la fille s’arrêta. Une vieille maison à l’abandon la surplombait de sa silhouette imposante. La fillette tourna la tête comme pour vérifier qu’elle n’était pas suivie, avant de s’engouffrer sans hésiter à l’intérieur du manoir. Lise frissonna, peut-être était ce dû à la fraîcheur de cette nuit automnale, ou bien de la peur qui lui nouait la gorge.

On... On la suit ? murmura Lise à son complice. Ce dernier ne répondît pas. Il était livide.
Lise décida qu’il n’avait pas fait tout ça pour rien, ils devaient la suivre. N’étant pas du genre à renoncer si vite, elle prit son courage à deux mains, et s’avança à son tour vers la porte entrouverte. En entrant, la porte émit un grincement sinistre qui leur glaça le sang. Ils continuèrent prudemment leur avancée dans un couloir plongé dans la pénombre. Lise en avant, et Victor sur ses talons. Il montèrent les marches grinçantes d’un escalier dont le bois pourrissait sous leurs pieds. Les deux enfants arrivèrent face à une porte de nouveau entrouverte. Le cœur battant à toute allure, Lise s’en approcha sur la pointe des pieds. Elle dû étouffer un cri en voyant ce que cachait cette porte.
La fille. La fille fantôme, celle qui n’avait pas de nom, elle était là. Ses yeux blancs étaient maintenant rouge sang, et ils fixaient ceux de Lise de leur regard sans pupille.
Lise voulut reculer, repartir en courant de cet endroit dangereux, mais elle en fut incapable. Une main squelettique avait agrippé d’une poigne de fer son avant bras, et elle fut violemment tirée vers le centre de la pièce. Lise poussa un cri. Elle se démena, hurla. Elle tendit sa main libre vers Victor, dans un ultime appel au secours, Celui ci était figé contre l’un des mur de la pièce, il tremblait de tout son être en regardant son amie, sans rien pouvoir faire...
Lise tourna un visage baigné de larmes et de désespoir vers son agresseur, dont elle ne put apercevoir qu’un regard rouge sous une capuche et des mèches noires qui en dépassait.
Lise était secoué de spasmes incontrôlables, elle pleurait et tremblait sans pouvoir s’arrêter, et lorsque la femme lui lâcha le bras elle s’écroula par terre.
La femme s’accroupit à côté d’elle et lui dit ;
Tu n’aurais pas dû ... tu n’aurais pas dû venir jusqu’ici petite idiote... mais maintenant que tu es là...
Je suis prête à te laisser la vie sauve... Néanmoins... ajouta-t-elle en esquissant un geste de suspens avec sa main.
Néanmoins, ta vie m’appartiendra durant la nuit, tu tueras pour moi... Comme elle...
D’un signe de tête la femme désigna la fille qui était restait debout quelques centimètres plus loin, impassible.
-Il te suffit de signer ce contrat... ajouta la femme encapuchonné en faisant apparaître des écritures rouges sombres dans l’air... Juste de signer, et tu restes vivante, sinon, tu mourras, et d’en d’atroces souffrances...
-Mais avant ça... elle tourna la tête vers la fille fantôme. Tue le. Lui dit elle en désignant Victor du doigt.
Lise dont l’esprit plus tout à fait clair remarqua alors quelque chose. La bague que portait la femme, un joyau rouge, s’était mis à briller lorsqu’elle avait formuler son ordre. Serait ce la bague, le sceau de ce contrat dont la fille était prisonnière, et dont elle ne tarderait pas à l’être elle aussi si elle ne faisait rien ?
Un cri la tira de ses pensées. Victor criait. A plusieurs mètres de lui la fille tendait une main dans sa direction, une main qui provoquait toutes les souffrances du garçon, et qui semblait le consumer de l’intérieur...
Dans un élan de lucidité soudaine, Lise se jeta sur la femme, et enleva la bague de sa main osseuse. Elle y arriva si facilement que ça la déconcerta un instant. Elle l’enfila sans réfléchir et ordonna à la fille ;
Arrête ! Tue la, vite ! dit elle d’une voix implorante en désignant du doigt la femme se jetait à l’instant sur Lise.
La femme encapuchonnée se mit alors a hurler de douleur, ses cris disparurent enfin, plongeant le manoir dans un silence étrange. Pendant un moment plus rien ne bougeait, plus aucun son ne se faisait entendre... le temps semblait s’être arrêté... Lise prit soudainement la bague, la jeta au sol et l’écrasa le plus fort qu’elle le put sur le parquet en décomposition. Étonnamment le joyau se brisa d’un coup, libérant une fumée rouge qui s’évapora dans les airs... Au même moment, le regard de la fille était redevenu clair, et elle tomba sur le sol provoquant un bruit sourd qui fit se retrouver Lise.
Elle s’approcha de la fille, dont les pieds commençaient à s’évaporer...
Tu disparais... Lise ne trouva rien d’autres à dire.
La fille lui renvoya un sourire mélancolique.
Oui mais, je suis déjà morte, je retourne donc parlais les morts...
Je suis désolée... murmura Lise.
Ne sois pas désolée, merci. Ce retour sur la terre aura été si douloureux, je te remercie de m’avoir libéré de cette malédiction. Au fait, je m’appelle ... Rose.
Elle eut un pauvre sourire. Lise pensa qu’elle aurait plutôt dû s’appeler Blanche, ou Neige plutôt que Rose...
-Au revoir alors, Rose...
Le fantôme disparut alors entièrement. Il ne restait plus que Lise et Victor, qui avait un peu de mal à croire ce qu’il venait de leur arriver...
PetitSable
163ème
3 575 points
En décembre 2020
PetitSable niveau/12 experience 1575 facteur
Je suis surprise, le texte est plaisant à lire et l'idée derrière l'histoire est vraiment superbe, mais je trouve qu'elle ne correspond pas tant que ça à l'horreur.. Mais ce n'est que mon avis ! L'horreur se voit différemment selon les gens, donc peut-être que ça ne m'a pas fait peur, mais ça va sûrement être le cas pour quelqu'un d'autre! :))

Félicitations pour ta première place ! 👍
Minou
679ème
1 492 points
En décembre 2020
Minou niveau/10 experience 885 facteur
Merci beaucoup ^^ à vrai dire c’est la premier fois que j’essaye d’écrire un texte qui fait peur... ^^"
Désolée pour les nombreuses fautes >.<"
Aujourd'hui, à 11:44
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