Errances diverses

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Trésor38
chat Errances diverses
par Trésor38 en novembre 2019

Trésor38
966ème
1 229 points
En novembre 2019
Trésor38 niveau/9 experience 625 facteur

Les paumes en évidence, l'aspect squelettique de ses doigts semblait se révéler au grand jour. Ses mains faisaient face au ciel et ses doigts droits pointaient vers l'horizon, traduisant ainsi une certaine détermination. Délicatement, d'autres mains vinrent caresser les siennes et retracer, de manière maladroite, les lignes qui les traversaient.

Ce bref contact attisa leur curiosité ; ils levèrent les yeux vers l'autre. Ils se regardèrent profondément comme s'ils cherchaient à s'immiscer dans quelconque fragment de leur âme.

« Quelle vie... Quelle vie dois-je privilégier ? »

Sa voix tremblante trahissait son chagrin, son malheur et son angoisse. Autant de sentiments qui pesaient sur son esprit, autant de sentiments qui abâtardissaient sa quête du bonheur.

« Privilégie la vie qui te convient. Privilégie la vie qui t'offre un sentiment de sécurité.

- Ce sentiment de sécurité n'est qu'illusoire... Aucune vie ne me convient, aucune vie ne m'offre le bonheur dont j'ai besoin. »

Les mains se caressèrent encore. Elles s'ouvrirent. Elles s’entrelacèrent. Chaque geste provoquait un quelque chose d'électrisant, un quelque chose qui circulait subrepticement dans les muscles de leurs doigts.

« Le bonheur n'existe pas. Il n'existera jamais. Il est inutile d'en faire son but. Il est inutile de le rechercher avec conviction. »

Les doigts poursuivent leur danse, se déliant et se reliant indéfiniment.

« Tes réponses ne me mènent à rien.

- Apprends seulement à observer autour de toi. Le bonheur n'existe pas, mais il en existe des démembrements. Une vie ne contient pas tous les démembrements de ce bonheur, le reste devra être trouvé ailleurs, dans d'autres vies.

- J'en reviens à ma question initiale : quelle vie dois-je privilégier ?

- Aucune. Privilégie-les toutes. Aime-les toutes. Si elles t'apportent malheur et maladie, alors disparais. Disparais et glisse vers une autre vie. Glisse vers celle qui t'offre mieux. Dirige-toi toujours vers celle qui contient le meilleur. Ainsi, tu trouveras les morceaux du bonheur que tu recherches.

- Est-il possible de reconstituer ce bonheur si j'en rassemble tous les morceaux ? »

Leurs regards se détachèrent. Les mains demeurèrent liées entre elles. Le courant électrique qui coulait entre les muscles de leurs doigts ne cessa pas pour autant.

« Tu ne m'écoutes donc pas. Le bonheur, tel que tu l'entends, complet, dont tous les morceaux sont rassemblés, n'existe pas. Il demeurera, durant toutes ces vies, incomplet. Il ne sera qu'un spectre mais il te contentera. »

Un silence s'établit, seulement comblé par les mouvements des doigts.

« Le dernier morceau de ce bonheur n'appartient pas à la vie. Si tu souhaites tant l'atteindre, renonce à ta quête inespérée, renonce aux souffrances éternellement. Ainsi, seulement, tu obtiendras le bonheur complet, la béatitude parfaite. »

Les mains se séparèrent. Cette séparation résonna comme un doux déchirement. Les mains squelettiques se refermèrent alors et le corps qui les possédait se courba avec une grâce empreinte de douleur. Aucun cri ne perça le ciel : tout demeura dans une profonde quiétude. Ainsi se fit l'anéantissement de la souffrance. Ainsi cessa la quête inespérée. Ainsi se fit la montée vers la béatitude parfaite, état tant convoité par les esprits torturés.
Alinéa
467ème
1 886 points
En novembre 2019
Alinéa niveau/10 experience 1260 facteur
design/quote.png
Trésor38
Les paumes en évidence, l'aspect squelettique de ses doigts semblait se révéler au grand jour. Ses mains faisaient face au ciel et ses doigts droits pointaient vers l'horizon, traduisant ainsi une certaine détermination. Délicatement, d'autres mains vinrent caresser les siennes et retracer, de manière maladroite, les lignes qui les traversaient.

Ce bref contact attisa leur curiosité ; ils levèrent les yeux vers l'autre. Ils se regardèrent profondément comme s'ils cherchaient à s'immiscer dans quelconque fragment de leur âme.

« Quelle vie... Quelle vie dois-je privilégier ? »

Sa voix tremblante trahissait son chagrin, son malheur et son angoisse. Autant de sentiments qui pesaient sur son esprit, autant de sentiments qui abâtardissaient sa quête du bonheur.

« Privilégie la vie qui te convient. Privilégie la vie qui t'offre un sentiment de sécurité.

- Ce sentiment de sécurité n'est qu'illusoire... Aucune vie ne me convient, aucune vie ne m'offre le bonheur dont j'ai besoin. »

Les mains se caressèrent encore. Elles s'ouvrirent. Elles s’entrelacèrent. Chaque geste provoquait un quelque chose d'électrisant, un quelque chose qui circulait subrepticement dans les muscles de leurs doigts.

« Le bonheur n'existe pas. Il n'existera jamais. Il est inutile d'en faire son but. Il est inutile de le rechercher avec conviction. »

Les doigts poursuivent leur danse, se déliant et se reliant indéfiniment.

« Tes réponses ne me mènent à rien.

- Apprends seulement à observer autour de toi. Le bonheur n'existe pas, mais il en existe des démembrements. Une vie ne contient pas tous les démembrements de ce bonheur, le reste devra être trouvé ailleurs, dans d'autres vies.

- J'en reviens à ma question initiale : quelle vie dois-je privilégier ?

- Aucune. Privilégie-les toutes. Aime-les toutes. Si elles t'apportent malheur et maladie, alors disparais. Disparais et glisse vers une autre vie. Glisse vers celle qui t'offre mieux. Dirige-toi toujours vers celle qui contient le meilleur. Ainsi, tu trouveras les morceaux du bonheur que tu recherches.

- Est-il possible de reconstituer ce bonheur si j'en rassemble tous les morceaux ? »

Leurs regards se détachèrent. Les mains demeurèrent liées entre elles. Le courant électrique qui coulait entre les muscles de leurs doigts ne cessa pas pour autant.

« Tu ne m'écoutes donc pas. Le bonheur, tel que tu l'entends, complet, dont tous les morceaux sont rassemblés, n'existe pas. Il demeurera, durant toutes ces vies, incomplet. Il ne sera qu'un spectre mais il te contentera. »

Un silence s'établit, seulement comblé par les mouvements des doigts.

« Le dernier morceau de ce bonheur n'appartient pas à la vie. Si tu souhaites tant l'atteindre, renonce à ta quête inespérée, renonce aux souffrances éternellement. Ainsi, seulement, tu obtiendras le bonheur complet, la béatitude parfaite. »

Les mains se séparèrent. Cette séparation résonna comme un doux déchirement. Les mains squelettiques se refermèrent alors et le corps qui les possédait se courba avec une grâce empreinte de douleur. Aucun cri ne perça le ciel : tout demeura dans une profonde quiétude. Ainsi se fit l'anéantissement de la souffrance. Ainsi cessa la quête inespérée. Ainsi se fit la montée vers la béatitude parfaite, état tant convoité par les esprits torturés.

hey ! c'est super^^
y aura-t-il une suite ?
Chinchidoux
107ème
4 500 points
En novembre 2019
Ce texte est vraiment très beau, j'espère pouvoir lire une suite 🙂
Crumble
766ème
1 395 points
En décembre 2019
Crumble niveau/8 experience 830 facteur
Je suis en retard mais j'aime beaucoup!
Aujourd'hui, à 17:46
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